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 Erreur de l'esprit {Libre

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Katleen C. Strain
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MessageSujet: Erreur de l'esprit {Libre   Erreur de l'esprit {Libre EmptyVen 29 Oct - 12:19

Je crois t'avoir vu le long d'un trottoir.
Même qu'il pleuvait des cordes



Ça chante dans sa tête. Ça hurle même. Y a des mélodies qui s’inventent au fur et à mesure qu’elle balance son corps dans des mouvements un peu aléatoires. Elle croit que ça éclate, comme des étincelles. Ça craque à l’intérieur comme un joyeux festival. L’élan est marqué dans le pavé du trottoir par les petits talons de ses souliers marron. Ils s’abreuvent de la pluie avec avidité. Elle a l’impression que ça monte par capillarité, dans ses épais collants noirs. Mais ça ne l’empêche pas. Ça ne l’empêche pas de faire voler l’étoffe beaucoup trop maigre de sa robe à fleurs qui lui arrive au dessus du genou. Et ça tranche. Un peu. Dans la grisaille alentours. Ce petit feu d’artifices qui se déplace comme une danseuse de ballet, les bras au dessus de la tête, tournant une fois ou deux sur elle-même, dérangeant les passants par la même occasion.

Et on se demande. Qu’est-ce qu’elle fait, la grande brune, au milieu de la rue piétonne à s’éclater seule sous la pluie battante, ses épais cheveux rendus raides, à force d’avoir trop gouté à l’averse. Et ça claque presque douloureusement dans son cou. Ces espèces de longues lianes qu’elle cache sous un chapeau haut de forme. Chapeau qui oscille violemment au sommet de l’énergumène. Ça paraît tellement fragile tout ça. Comme un dernier souffle de vie qui pourrait s’évaporer au contact de la réalité. Mais pour l’instant, la réalité n’ose pas se frotter à elle. Ils la méprisent, les autres, avec leurs conventions et leur rationalité qui les étouffent. Ils s’écharpent là dedans dans un mouvement de tête dédaigneux. Certains la pensent Ivre. Mais pas Ivre de vie. Non. Ivre. Nimbée de liquides. Ils prennent la main de leur gamin et les collent tellement près des murs qu’elle se demande s’ils ne vont pas être aspirés. Les enfants. Et ça lui fait presque de la peine tout ça. Elle espère que le rêve jamais ne s’éteindra des yeux d’Arthur. Y en a d’autres qui la prennent pour une saltimbanque. Ca lui jette quelques pièces, alors elle penche son buste et elle balaie l’air de son bras en démontant son chapeau de sa tête. Elle salue. Elle remercie. Parce que. Il faut qu’elle les remercie de croire encore. D’avoir la force d’imaginer.

Elle s’essouffle un peu. A cause de la lourdeur de ses habits, du froid. Parce que c’est fatiguant aussi, de sautiller partout dans les flaques. Et dans une dernière pirouette un peu hésitante dont la pointe de sa chaussure se souviendra, elle finit par se laisser tomber sur un bord de trottoir. Pendant que ses jambes se positionnent de telle façon que les bouts de ses chaussures puissent faire la causette, elle passe ses doigts dans sa frange qui dégouline dans ses yeux clairs. Et c’est fou. Elle voit le monde comme si elle regardait au travers des lunettes à double foyer de sa grand-mère. Elle entend l’agitation. La petite qui crie après son chien qui vient de se carapater parce qu’elle a lâché la laisse en collant son nez contre une vitrine de bonbons. Le bruit de la canne de la vieille femme qui s’abat dans un rythme régulier dans le béton. Elle entend aussi le cœur de ce garçon qui bat un peu trop fort de l’autre côté du trottoir. Elle voit sa silhouette informe derrière le rideau de ses cheveux. Il tend la main vers le visage de l’autre. Elle ne sait pas qui est l’autre. Mais elle comprend que le cœur ne bat pas de la même force. Ça prend la main, la ramène le long du corps et s’en va. Comme ça.

Et il n’a pas vraiment de chance, ce type. De se retrouver seul sous la pluie. Seul. Sous la pluie. Non. Il n’a vraiment pas vraiment de chance. Et elle dessine une moue sur ses lèvres qui tremblent un peu. Elle resserre ses mains autour de son duffle coat et elle s’inquiète. Toujours pour lui. Toujours pour Arthur. Elle se demande comment ça sera pour lui. Avec sa première copine. Ou son premier copain. Et elle sourit à l’idée de la tête de sa pauvre mère. L’humain est une bête méchante. Elle sait très bien qu’il sera obligé de connaître des déceptions. Des désillusions. Que ça va crever un jour. Cette bulle dans lequel elle l’enveloppe avec force. Elle sait bien que c’est un pauvre mensonge ce dans quoi elle essaie de le faire évoluer. Elle sait bien qu’eux, les autres, sont guidés par des désirs égoïstes. Comme elle. Elle ne veut pas que ces autres amochent l’essence qui fait son fils. Qu’il puisse garder son innocence le plus longtemps possible.

Elle soupire. Elle n’en est pas encore là. Laissons le temps au temps. Et son visage qui avait pris un air excessivement sérieux pendant un moment retrouve son léger sourire habituel. Elle se lève et commence à se fondre dans la masse importante de passants. Elle et une parmi d’autres après tout. Elle vogue. Comme un bateau perdu dans l’immensité des océans. Destiné à errer. Elle fige des visages. Elle croise des regards dans la foule. Et ce n’est pas un peu effrayant ? Tous ces passants qu’elle croise et qui lui resteront inconnus ? Ils ont certainement en plus tous quelque chose à offrir. Une anecdote à partager. Mais ils ne font que passer. Ils ne sont que de passage.

Et finalement. Elle ne veut pas qu’il lui reste tous inconnus. Ces inconnus. Alors, elle fend la foule assez rapidement et attrape la première manche qui dépasse vers le devant. Mais elle n’est pas sûre de savoir à quel genre appartient la silhouette. Elle préfère imaginer que c’est une espèce autre. Elle entrouvre la bouche. Elle sait ce qu’elle va dire, mais le peu de pertinence l’amuse déjà, et finalement elle demande dans un sérieux relatif :

    « Les citrouilles. Vous pensez qu’elles souffrent quand on leur taille des sourires dans la chair ? »





Le soleil était encore chaud ; cependant il n'éclairait presque plus la terre ;
comme un flambeau placé devant les voûtes gigantesques
ne les éclaire plus que par une faible lueur, ainsi le soleil,
flambeau terrestre, s'éteignait en laissant échapper de son corps
de feu une dernière et faible lueur
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Elizabeth V. Brighton
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MessageSujet: Re: Erreur de l'esprit {Libre   Erreur de l'esprit {Libre EmptyVen 29 Oct - 22:44

Encore un temps pourri. La jeune femme avance, seule, au milieu de la foule. Il pleut. Encore. Ca fait deux jours que la pluie n’a pas cessé. Un peu comme si les nuages épanchaient leurs peines sur les passants. Ou bien comme s’il y avait quelque chose à laver, à gommer de la mémoire générale. Crime inavouable ? Inceste ? Viol organisé ? Tout peut exister. Se dit Elizabeth tandis qu’elle scrute tous ces hommes et toutes ces femmes qui filent vers leur destinée respective. Avant d’arriver dans cette petite ville paumée au fin fond de la Suède, elle ne descendait jamais dans la rue. Trop commun. Aussi, les rares fois où elle risquait le bout de son nez dans ces trouées de la ville, elle évitait du mieux qu’elle pouvait les endroits vivants. Elle se contentait, totalement satisfaite de son sort, de côtoyer des gens à sa mesure, aristocrates, top modèles… Ici, elle avait été bien obligée d’affronter la foule si elle voulait subvenir à ses besoins. Il faudrait qu’elle engage une bonne à tout faire ou qu’elle mette la main sur quelque esclave masochiste, mais en attendant, pas le choix.

Néanmoins, elle y avait peu à peu pris goût. Désormais, elle sortait volontiers rejoindre la fosse des mortels. Ce qu’elle appréciait le plus aujourd’hui, c’était de se mêler à la foule moite et tiède aussi étrange que cela puisse paraître. Les rues lui faisaient l'impression d'une immense vitrine sans vitre: dans ces allées bondées défilaient des hommes et des femmes, des petits et des grands, des intellectuels et des baroudeurs… Tous ces gens formaient une sorte de multitudes vivantes, voire grouillantes, mais rassurantes. Il pleuvait donc. Tout à l’heure, c’était la petite bruine qui s’infiltrait dans les méandres de vos corps poreux, et maintenant carrément la pluie diluvienne qui vous martelait le crâne à la manière d’une torture chinoise. Elizabeth respirait intensément cet air souillé, vicié même. Il y avait quelque chose d’animal, de bestial même, quelque chose qu’elle ne pouvait exprimer avec des mots, mais qui était pourtant bien là. Ce n’est pas qu’elle était bien d’ailleurs, mais tous ces visages qui ne faisaient que passer la réjouissaient et, ivre, elle faisait voleter son regard tandis qu’elle avançait à pas de fourmi. Tous ces pas résonnaient et elle ne pouvait plus distinguer le claquement de ses propres talons. Un seul et même bruit sourd parvenait jusqu’à ses oreilles. Tous ces êtres disparates ne formaient plus qu’un. Elle réajusta son blouson en cuir. Le froid, allié de la pluie, la transperçait toute, mais elle aimait ça. Elle se donnait l’impression d’une vaillante guerrière affrontant des nuées d’ennemis féroces. Une amazone, tiens. La reine même. Mais attention, elle, elle ne se ferait pas avoir par Mr. Musclor en culotte courte et garderait jalousement la sainte ceinture de chasteté… elle se plaisait à se créer un monde qu’elle seule pouvait pénétrer. Un jardin secret en quelque sorte. Elle s’arrêta, prise d’un doute. Pouvait-elle lutter contre tous ces ennemis, elle, Elizabeth ? Non, il lui faudrait mettre en place un stratagème. Ah, elle aime bien ça, les stratagèmes. Les mains dans les poches, elle regardait droit devant elle, ne prêtant pas garde aux injonctions des passants. Ils n’étaient rien pour elle, ils n’existaient pas dans ce monde. Elle resta rêveuse un court instant, puis regarda autour d’elle. Tous ces visages la dégoûtaient à présent. Pourquoi ? Simple overdose. Ils lui apparaissaient dénués de tout charme ; cireux, livides ou secs. Ils ressemblaient plutôt à des morts vivants, traînant les haillons de leur insignifiante existence. Elle se sentit étrangement mal. Elle ne voulait plus être là, pas plus longtemps en tout cas. Elle s’emmitoufla dans sa grande écharpe, et fourra ses poings dans les poches de son jean. Raidie, elle rebroussa chemin. Elle avançait à grande peine, haletante. Elle ne se sentait vraiment pas très bien. Peut-être quelque chose qu’elle avait mangé et qui n’était pas passé.

A un moment donné, elle distingua une sorte de rangée improvisée. Curieuse, elle s’approcha. De taille haute et bien cambrée, il ne lui fallait pas faire beaucoup d’efforts pour dépasser les têtes. Là, elle aperçut une femme sautiller dans les flaques. Que fait-elle ? Intriguée, elle plissa les yeux pour mieux voir la scène. Apparemment, une jeune femme, plutôt mince, brune, gesticulait comme une perdue. Son regard lui sembla vide. Que ressent-elle en cet instant? Certains lui lançaient quelques piécettes. Ont-ils pitié d’elle ? Se disent-ils que c’est un triste spectacle ? Elle examina minutieusement leurs visages. Dédain, détresse, humeur, agitation, sourire, sourcils froncés, tout y passait. Là, un enfant qui tire sur la manche de son père. Il rit. Pourquoi rit-il ? Trouve-t-il cela drôle ? Ou simplement étrange ? Remarquez, ça revient un peu au même en fait. Ici, un vieux grincheux attire son attention. Il râle parce que la jeune femme lui rappelle ses petits enfants qui ne viennent jamais le voir. Réfléchis papi, c’est à cause de ce genre d’attitudes que tes chers petits-marmots ne prennent pas le temps de venir te voir. Pas bêtes les asticots, ils savent ce qui les attend. La « danseuse » s’est baissée pour ramasser son dû et salue d’un geste ample. On dirait presque une révérence. Une de ces putains de saletés de révérences qu’Elizabeth devait exécuter dans son enfance en affectant un air d’enfant sage. Elle soupira et décida de fuir cette scène plus que glauque. Elle reprit sa route, néanmoins un peu radoucie par cette scénette inattendue. Elle se détendit tout à fait en songeant à sa future proie. Elle lui ferait endosser un costume de servante et l’obligerait à… attendez voir… monter sur un escabeau pour attraper une poussiéreuse pile de livre sur l’entretien des renoncules par exemple ou toute autre chose dont elle ne se serait passée pour rien au monde… ou elle lui demanderait de ramasser un peigne qui aurait glissé entre les deux centimètres d’interstices qui séparent son lit du parquet… et bien d’autres choses encore. Enfin, elle se faisait confiance, elle aurait bien trouvé une idée constructive…

Soudain, une main la tira par la manche, et par là-même, de ses considérations hautement philosophiques. Surprise, elle tourna la tête. La petite dame de tout à l’heure ? Qu’est-ce qu’elle fout là ? Elle fronça les sourcils en quête d’une quelconque raison qui justifia un acte aussi effronté. Quoi ? De l’argent ? Non, mais est-ce que j’ai une tête à faire l’aumône ? Elle attendit patiemment de savoir en quel honneur la jeune femme venait ainsi la gêner.

« Les citrouilles. Vous pensez qu’elles souffrent quand on leur taille des sourires dans la chair ? »

Quid ? Elle en perdait son latin. Elle toisa la jeune femme de la tête aux pieds. Devant elle, une parfaite psychotique… ou peut-être pas. On ne peut répondre de rien en ce bas monde et les apparences sont parfois plus trompeuses qu’on ne le croit. A tout bien regardé, l’autre ne semblait pas vraiment aussi timbrée que ça. Comme suspendue dans son action, Elizabeth réfléchit. Deux options s’offraient à elle : faire comme si rien ne s’était passé et fuir l’inconnue, ou se laisser prendre au jeu. Elle sourit -fuir ne lui ressemblait décidément pas. Elle avait du temps devant elle et cette rencontre inopportune l’amusait quelque peu. Elle releva un sourcil et arbora un mince sourire complice. Sauras-tu me satisfaire ? Elle posa ses mains sur les épaules de l’inconnue et prit elle aussi un air sérieux en la regardant entre quatre yeux.

« Tu sais, c’est triste à dire… Je le conçois, tu n’es peut-être pas préparée à cela, mais tant pis, puisque tu y tiens tant, je te raconterai tout sur les citrouilles. En fait, ce n’est pas tant le fait qu’elles souffrent qui est en jeu, mais leur capacité intrinsèque à lutter contre la flamme tremblotante de la bougie qu’on y engouffre. Elles se sentent totalement humiliées, tu comprends. De toute leur existence, elles n’ont jamais connu pareil affront. Elles n’ont jamais su ce que c’est que de se faire mettre à nue, et, complètement brisées de l’intérieur, de devenir le centre de tous les regards. Tu saisis ? Tout le monde voit enfin toutes les souffrances qu’elles se sont toujours efforcées de garder pour elle et chacun sourit sadiquement en exhibant encore plus leurs peines et leurs tourments. »
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MessageSujet: Re: Erreur de l'esprit {Libre   Erreur de l'esprit {Libre EmptySam 7 Mai - 23:03

Yesterday it rained in Tennessee
I heard it also rained in Tallahassee
But not a drop fell on little old me
'cause I was in shoo-shoo-shoo, shoo-shoo-shoo
Shoo-shoo, shoo-shoo, shoo-shoo Sugar Town


A la lueur de la bougie. On passe un œil par une des cavités de la citrouille. Comme ça. La lumière attire : Syndrome de la serrure de porte. C’est quelque chose d’irréductible chez l’homme, le voyeurisme. On ne peut s’empêcher. C’est irréductible. On croit que c’est permis. Et alors, n’y avait-il pas des ouvertures dans cette citrouille ? Finalement, non. Ce n’est pas permis. On se permet. Là, la différence.

On crée les ouvertures.

Douloureusement, on gratte la chair, d’abord. Ca fait sauter le pétillant orange. La fine peau de la citrouille. La couche superficielle, son maquillage. A la citrouille. On la démaquille de sa mascarade. Ah non ! Elle ne nous aura pas comme ça la belle. On se méprend. Ce n’est point sourire sur sa face ronde. C’est grimace. On taillade le Faux. On veut faire croire qu’il n’y a pas défiguration.

Nous sommes des monstres. On la scalpe, la dame Citrouille. Hop, qu’on lui fasse sauter la caboche et qu’on se penche sur la bouillabaisse grouillante. On plonge les mains dans son intérieur. On extrait son contenu comme un sauvage. A la poubelle. A la poubelle !

Ton être est vide. Désormais.

Et les criminels sont cruels. Ils placent bougie pour baigner de la lumière de l’Affreux leur œuvre insoutenable. Ils ont sacrifié la pureté. Ils ont souillé comme de viles ordures et l’offrent au regard fièrement. Aux monstres !

Enfin ! Ça, c’est que semble vouloir lui dire l’Autre. L’Autre avec un grand A. Quand même ! Parce que des autres comme ça il n’y en a pas d’autres. L’Autre, elle la surplombe. L’Autre, elle ne semble pas déstabilisée. L’Autre, elle soutient sa malice avec insistance et sérieux. Alors, l’évaporée au chapeau haut de forme ne peut rien faire d’autre que d’admirer. Oui, elle a donné sa langue au Cheshire Cat. L’Autre, elle l’a soufflé, comme ça. Elle a éteint la bougie à l’intérieur de sa pauvre citrouille. Et pourtant les nains dans sa tête tirent désespérément sur les cordes qui doivent mettre en route son cerveau tourmenté.

Elle finit par refermer sa bouche entrouverte, Katleen. Et ses grands yeux ronds reprennent une dimension à peu près tolérable. Et son sourire revient encore. Immanquablement. Elle finit par rire. D’un rire sincère et enjoué. Un de ces rires imprévisibles d’enfant qu’on prend parfois pour moqueries car ils arrivent toujours à des moments inopportuns où les adultes sont irrités et ne veulent pas rire.

L’autre l’enchante terriblement.

Le rire finit par se tarir. Elle prend alors un air sérieux. Voire inquiet. Elle se penche vers le visage de l’historienne des citrouilles à travers les âges pour lui dire doucement d’un ton entendu : « Je sais maintenant pourquoi les citrouilles ont leur place à Halloween. Ter-ri-fiant ».

Elle se recule légèrement et hoche un peu la tête pour approuver ce qu’elle vient de dire. Puis elle repousse par deux mouvements timides de mains, les bras de la jeune femme qui ont permis aux serres de cette dernière de s’abattre sur les épaules de Katleen. Elle retient un instant une des mains de la Reine des histoires de viol de citrouilles pour lui offrir un semblant de baise main. Lâche immédiatement après son Autre pour joindre ses doigts dans un air inspiré. Elle finit par ouvrir les bras en s’exclamant, joyeuse :

« Vous êtes fabuleuse ! »

Elle attrape un inconnu dans la foule, par l’épaule : « Elle est fabuleuse ! ». Continue, dans une rapidité surprenante : « Fabuleuse, fabuleuse, fabuleuse ! ».

Et la foule se presse contre elles, inconsciente de la perle fascinante qu’a trouvée la Saltimbanque. Son esprit court. C’est une course à en perdre haleine dans sa tête. L’Autre, elle est déjà l’héroïne de mille histoires qu’elle racontera Arthur. Elle est là, fière. Comme une Amazone. Elle ne sait pas pourquoi. A défendre la pureté des Citrouilles.

« Regardez-vous ! Cette grandeur ! Cette allure ! Elle tourne autour d’elle en dessinant de loin par un mouvement de main la courbe de sa mâchoire. Elle finit son tour et continue. Comment vous appelez-vous ? Je ne sais pas pourquoi, je vous verrai bien vous appeler Kiera… Ou Nathalie ! Ou même Leia… Je m’égare, je m’égare… »

Elle s’arrête un instant. Dévisage la jeune femme. Sourit, un peu.

« Vous me faites penser à une chanson… »

Elle commence à claquer doucement dans ses doigts sans s’arrêter de parler. Elle dit des banalités mais elle ne veut pas couper le flot, elle a peur que l’oiseau farouche ne s’envole vers d’autres endroits plus tranquilles.

« Big Jet Plane, vous connaissez ? Ça fait un peu comme ça… »

Et elle se balance au rythme de ses claquements de doigts. Commence à chantonner un air. Et puis elle chante, vraiment. Elle doit chanter un peu faux. Et petit à petit elle délaisse ses claquements de doigts pour taper dans ses mains. Elle se cogne à l’indifférence des passants. Et la pluie. Et Nathalie. Tout ça donne un côté déphasé. Elle n’est même pas sûre de savoir ce qu’elle fait. Mais elle sait que c’est ce qu’elle doit faire. Elle le sent.

Gonna take her for a ride on a big jet plane

Elle finit par lui tendre la main dans un sourire fermé.

« Ce monde n’est pas fait pour vous. Vous avez l’âme d’une Conteuse. Emmenez-moi dans un endroit qui vous ressemble plus que cette rue grise et déjà trop morte… S’il vous plaît, bien entendu ».



{Désolée pour le retard et pour le côté un peu délirant de la chose.
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MessageSujet: Re: Erreur de l'esprit {Libre   Erreur de l'esprit {Libre EmptySam 21 Mai - 12:37

La jeune femme sembla loin, très loin à Elizabeth. Comme si elle avait quitté son enveloppe charnelle pour s'envoler dans son ciel imaginaire. Elle vole, haut, toujours plus haut. Je me demande ce que pouvaient éprouver les passagers de Spoutnik. Vas-tu finir en orbite ? Quelle vue a-t-on de la Terre ? Est-elle petite ? Est-elle ronde comme une orange ? Ou bien comme une papaye ? C'est mauvais, les papayes...

Elle aurait pu lui faire tout ce qu'elle voulait, je suis sûre que l'ingénue n'aurait pas réagi. Elizabeth passa sa main devant ses yeux, mais elle ne cillait pas. Oui, loin, vraiment très loin. Après tout, peut-être était-elle une junkie dont la drogue avait guidé les pas jusque sur ces allées encombrées. Ses yeux étaient profonds, aussi insondables que les abysses. Délicieux. Elizabeth ne sourit pas, mais elle caressa sa joue... non, elle n'allait pas prendre avantage de cette pauvre enfant et la violer sauvagement sur le bitume, au milieu de tous ces passants, ce n'est pas le genre de la maison... tout de même, un peu d'tenue, je vous prie. C'est seulement qu'elle admirait cet ovale enfantin, elle-même n'ayant probablement pas dépassé l'âge des culottes courtes. Un peu pour la provoquer, un peu pour la tester, et simplement par curiosité, elle appliqua donc sa main sur la tendre joue de son interlocutrice. Mais la jeune femme ne réagit même pas et lui sembla toujours aussi obnubilée par son songe éveillé. Sais-tu que je vais finir par me vexer? Mais à quoi rêves-tu donc ? Sont-ce ces citrouilles qui t'enchantent tant ? Lentement, elle glissa ses doigts le long de la joue de l'endormie. Ses lèvres étaient à demies ouvertes, elle aurait très bien pu profiter de sa négligence... Sans aucun doute une coïncidence, la belle revint peu à peu à elle. Sans doute l'instinct de conservation la sauvait-elle d'une défloration certaine. Comme prise sous le coup de la honte et de la culpabilité, Elizabeth écarta sa main pour ne pas précipiter les choses; le poisson est si méfiant en cette saison.

Mais ce à quoi elle ne s'attendait pas le moins du monde, c'est ce rire léger, ce rire franc. Un de ces rires qui révèlent la candeur si jalousement cachée. Nous sommes tous de grands enfants après tout. Elle sourit, comme avec indulgence, et ramena une des mèches rebelles de la belle derrière son oreille. Une pensée la surprit elle-même. C'est qu'elle se trouvait assez grande-sœur en fin de compte. Amusant, songea-t-elle en continuant de sourire de l'innocence de l'autre.

« Vraiment ? » Rétorqua-t-elle du même air entendu. « Ravie que nous soyons du même avis... » 

Elle ne sut cependant pas comment prendre cet inattendu baise-main. Un peu déconcertée, elle la laissa faire et la suivit du regard pendant que cette dernière délirait joyeusement. Était-ce une invitation ou était-elle tout simplement folle à lier ? Sans doute la deuxième option. Shit. Elle était pourtant plutôt mignonne...

Légèrement désappointée, elle extirpa une cigarette de son paquet et l'alluma en silence.

Ce qu'elle adore le plus, telle une petite fille, c'est lorsqu'elle protège la cigarette de ses main, et l'allume lentement. On dirait presque que c'est un précieux trésor. Bien entendu, on ne peut pas dire que ce soit le cas, mais comme la saltimbanque, elle se plaît à refaire ce monde si sévère. Tiens, ça leur fait un point commun. Elle sourit à part elle tandis qu'impassible, elle suivait du regard la jeune femme voleter autour d'elle comme une abeille volette autour d'un verre rempli de sirop.

C'était indescriptible comme moment. De temps en temps, elle riait en voyant la jeune femme alpaguer un passant. Ce même passant aussi affairé que surpris la repoussait, plus ou moins violemment. Son sourire se figea lorsqu'elle se brûla le bout des lèvres avec sa cigarette, désormais mégot de chez mégot. Merde, déjà... je fume vraiment trop vite... Elle jeta son mégot sur le bitume, puis l'écrasa du bout du pied. Soupirant, elle jeta, un œil cette fois, en direction de la jeune femme. D'où lui vient toute cette énergie ? Elle va finir par me donner le tournis si ça continue.

Ça ne l'amusait plus autant de la voir divaguer et elle en avait marre de tous ces passants. Aussi, elle voulait s'en aller pour regagner son appartement. Overdose de gens. Trop vu de monde dans ma vie, plus la peine de rester, je veux m'en aller... Mourir, c'est se lasser.

Elle n'écoutait plus depuis longtemps, songeant déjà à la manière de se dépêtrer de cette étrange jeune femme. Mais celle-ci lui tendit la main de telle sorte qu'elle ne sut lui refuser sa compagnie... Et il est inconcevable pour une femme telle qu’Elizabeth, si... respectable et respectueuse, d'abandonner une pauvre créature dans les bras de l'impétueuse « foule humaine ». Ahh, je constate, non sans une certaine lassitude, que ma bonté me perdra...

« Alors... où aller, où aller... » L'air songeuse, Elizabeth tapota sa joue de sa main libre, puis regarda la jeune femme d'un air malicieux. « Il y a bien un endroit que je vous montrerais bien, mais nous allons devoir marcher un peu... Cela vous convient-il toujours ? » Ne prenant pas la peine d'attendre la réponse de l'inconnue, Elizabeth se mit en marche, se frayant un chemin dans la foule. « Imaginez-vous seulement que nous sommes deux Alice découvrant un monde inconnu. Chaque personne est un brin d'herbe est un rempart qui nous sépare du terrier... Et à défaut de Nathalie ou de Alice, vous pouvez tout aussi bien considérer que je suis le lapin blanc. » Interrogeant sa proie du regard, Elizabeth sourit et se retourna pour continuer leur route. De nouveau, elle reprenait goût à cette charmante demoiselle. Elle lui jeta un coup d’œil et sourit une fois de plus. Une fois de plus qui n'était pas une fois de trop... Elle était vraiment satisfaite de cette inattendue rencontre. Pourvu que la belle soit trop naïve et inconsciente pour se laisser mener jusqu'au bout dans la bouche du loup... la louve en l'occurrence. Elle réfléchit un instant. Il ne fallait pas non plus qu'elle se fasse avoir, comme son acolyte, si tristement célèbre. Aussi, si l'envie lui prenait de goûter aux lèvres de la jeune femme, elle prendrait ses précautions et la ferait boire, beaucoup... Mais suis-je bête, Elizabeth était dans la rue, non pas dans un hôtel, et cette femme était assurément une saltimbanque, non pas une femme de chambre... Elle se mit à rire de la comparaison, qui n'en était pas vraiment une d'ailleurs.

Ruelle à droite. Elizabeth s'y engouffra, tenant toujours aussi fermement la main de sa proie. « Nous n'en avons plus pour très longtemps...» Elle ralentit le pas et après avoir considéré un instant la demoiselle. « En fait, vous faisiez quoi quand je vous ai rencontrée plus tôt euh... je ne sais plus si je vous l'ai demandée, mais comment vous appelez-vous déjà ? Attendez, laissez-moi réfléchir à mon tour... Betty? Sarah? Vous avez une tête à vous appeler Sarah...» Cette fois, c'était elle qui riait comme une enfant. Une enfant qui vient de faire une bêtise, mais qui en est si fière qu'elle aimerait que la Terre entière en soit informée...


Désolée, ça fait une semaine que je dis que je m'en occupe. Enfin. Voilà mistinguette ^^


Dernière édition par Elizabeth V. Brighton le Dim 5 Juin - 11:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Erreur de l'esprit {Libre   Erreur de l'esprit {Libre EmptySam 4 Juin - 13:56

I want a girl with
Shoes that cut
And eyes that burn
Like cigarettes

Elle dessine d’une caresse des yeux, la courbe du dos de l’Alice qui l’attire par la main. Détaille le cuir du blouson, carcan d’élégance et d’assurance qui sied parfaitement à la silhouette élancée de sa charmante inconnue. La Saltimbanque exquise un sourire tandis que le fil de ses pensées se dédouble, se complexifie. Elle fronce le sourcil, insatisfaite. Alice ne correspond décidemment pas à ce bout de jeune femme. Alice, elle a cette candeur presque agaçante. Une naïveté qui dépasse l’entendement. Mais, elle, son Autre magnifique, elle balade avec elle un parfum beaucoup plus fort. Une note de nonchalance naturelle qui fait pâlir d’envie la fade Alice. Et ce visage fort bien défini aux traits dignes qui se cache dans l’épaisseur de l’écharpe n’a rien de la jeune sotte. Non, l’Autre a l’étoffe plus prestigieuse. Elle la voit, impériale, régner sur le Domaine des Cartes, Condamnant par le simple regard. Jugeant du Bien et Du Mal dans un mouvement de tête dédaigneux. Sa place n’est pas du côté de l’Idiote qui court derrière le pompon du Lapin. Et elle a raison, celle qui l’entraîne dans le dédale des rues, qui lui fait faire des tours et des détours. Elle est même plus Lapin qu’Alice. Avec la frayeur du temps au fond de la poche, où courrais-tu Lapin avant que la dégingandée au chapeau ne te retienne par la manche ? Où cours-tu maintenant ?

Mais surtout, après quoi cours-tu ? Avec l’anxiété de la montre en collier. Quelle est cette course effrénée où tout le monde se bouscule sans se voir ? C’en est ridicule : de s’essouffler dans l’inutile. Ils cherchent le sens sans l’espoir. Et ça fait tic toc au collier. En résonance avec le cœur, les minutes s’écoulent. Comme dans cette chevelure lourde de pluie. Les larmes de la nature qui pleurent dans le cou. Ça pèse. Tout ça.

Katleen non plus n’est pas Alice. La demoiselle au chapeau n’est pas naïve. Au contraire, elle ne voit que trop la réalité. Alice vit son monde lorsque Katleen le rêve désespérément. Y a comme une mélancolie sous-jacente dans les histoires fabuleuses de la Saltimbanque, un goût amer de défaitisme qui ne se dit pas. Katleen est avide de rêves. Elle crève de déceler quelques étoiles dans les yeux des autres. Parce que c’est plus simple comme ça. Parce que la réalité la rend nerveuse. C’est trop lourd pour ses épaules. Elle préfère rêver en grand que de vivre en petit. Katleen, ce serait plutôt le Caterpillar qui s’étouffe à l’Opium pour voir l’indécelable.

De par les exaltations de son Imaginaire, Katleen a déjà été l’héroïne de plans vraiment foireux. Elle est incorrigible. Joueuse. Un jour elle s’en mordra les doigts. Mais maintenant, ça ne lui traverse même pas l’esprit. Et même si elle le voulait, elle ne le pourrait pas puisque la magicienne de la rue lui tient fermement la main. C’est drôle, de se tenir la main comme ça dans la rue. Comme font les amoureux. Ils se tiennent comme si ça allait mourir, leur amour, s’ils ne sont pas reliés par la chair. Elle ne se souvient même pas. Si elle a déjà aimé. Si elle a déjà tenu la main. Elle n’est même plus sûre des contours du visage du père d’Arthur.

La seule main dans la sienne depuis des années maintenant, c’est la petite main d’Arthur. C’est la seule qu’elle accepte. Le reste du temps, le poing reste obstinément fermé. Qu’elle perde les autres lui importe peu, la main est lâche pour eux, ils peuvent partir dès qu’il le souhaite, mais elle est terrifiée qu’un jour Arthur lui lâche la main et qu’elle ne la retrouve pas. Qu’ils se perdent. Parce qu’ils auront perdu le Lien. Et elle comprend les amoureux un peu mieux, cette chaleur particulière au creux de la paume, une fois qu’on l’a connu, on veut l’entretenir jusque dans l’Eternité. Ça fait vivre, un peu plus.

Et elle se demande ce que ce dos cache comme histoires. A-t-elle aussi une main à tenir ? En Reine de Cœur ou Reine de Pique. Cuisine t-elle des lapins blancs en sauce ? Qu’elle mange en sandwich entre deux montres. Trouve t-elle la reproduction des hippocampes étrange ? Elle ne le sait pas, l’Autre préfère lui délivrer des réalités comme le fait qu’elles sont bientôt arrivées. Arriver où, ça non plus elle ne le sait pas. Elle a dit au terrier. Au terrier du Lapin peut-être. Elle se demande comment c’est le terrier du Lapin. Elle imagine qu’il y a des escaliers que les longues jambes montent rapidement et avec souplesse. A l’intérieur, un mélange d’ancien et de moderne. Il y a du parquet au sol et des chaises Starck. Elle a habillé les fenêtres d’épais rideaux qui rendent l’atmosphère de la pièce feutrée. Quelque chose d’intime et d’apaisant pour échapper à l’agitation du monde. Peut-être.

Katleen penche la tête de côté et observe la Reine, le Lapin blanc, l’Autre. Ce qu’elle veut. De toute manière cela ne changera pas ce que la Saltimbanque voit. Et ce qu’elle voit, c’est que lorsqu’elle fait tomber son masque de Superbe, quand elle arrête de se draper dans le sérieux, l’Alice imposteur est toujours aussi fascinante. Si ce n’est plus. Katleen ne peut s’empêcher de sourire devant celle qui rit. C’en est presque touchant parce que ça lui rappelle inévitablement Arthur. S’il pouvait rire comme ça dans dix ans. Vingt ans et toujours, aussi.

Elle considère l’Autre avec sérieux. Peut-être un peu trop. Elle se demande si elle a un Lié. Elle ne connait personne. Son monde se résume à Arthur et elle voudrait savoir. Si c’est normal ce qu’elle ressent, ce sentiment beaucoup trop important, qu’elle a l’impression que ça déborde du cœur et que ça va transpercer la poitrine. Et en même temps, cette immense solitude qui l’envahit parfois. Parce que ça l’épanouit autant que ça l’enferme. Le Lien. Elle aime Arthur. Elle aime leur routine qu’ils ont créée de toutes pièces au fil du temps. Il est son ami, celui qui se rapproche le plus de ce que l’on peut appeler un confident. Pourtant, elle ne connait pas ces amitiés édulcorées qu’on voit dans les films pour adolescents. Elle n’a pas une meilleure amie chez qui pleurer à chaudes larmes parce qu’elle s’est fait avoir par un sale type. Même le sale type n’existe plus depuis longtemps dans le monde de Katleen. Elle reste à la limite du réel. Elle côtoie des gens mais dès que la relation semble s’épaissir, elle s’échappe. Pour Arthur.

Elle se hisse sur la pointe de ses petits souliers et vient embrasser la joue de la jeune femme. Elle croit que si elle avait une amie, elle voudrait qu’elle ait la grandeur de cette petite madame. Et son rire aussi. Qui pourrait éclipser le moindre de ses chagrins.

    « Pourquoi pas ? Si c’est Sarah pour vous, c’est Sarah pour moi. Ça dépend des gens. Ma mère m’appelle Charlotte, mon père Katleen quand il m’appelait encore. Au travail, c’est la secrétaire, « emmenez ça à la secrétaire », « où est la secrétaire ? », « Café, secrétaire ! », « vous êtes bien mignonne secrétaire », « votre paye sera en retard secrétaire »… Elle sourit, réajuste le haut de forme. Mon fils m’appelle Mamma. »


Elle le dit, au passage. Prévient pour éviter la surprise. Se protège un peu aussi. Elle accélère un peu le pas pour se trouver devant l’Autre pour lui faire face et lui offrir un petit sourire avant de se perdre, semble t-il, dans une réflexion. Et après un moment :

    « Tout à l’heure… Je vivais, simplement »


Elle a pris l'initiative de marcher devant. Elle écoutera les indications du Lapin Blanc si elle se trompe de chemin. Elle marche comme un petit soldat de plomb, tout en balançant sa tête. Elle se remet alors à parler, doucement. A moitié perdue dans un énième songe :

    « Et vous, comment puis-je vous appeler ? Elle marque une pause, demande de sa voix monotone. Ça vous dérangerait de me parler de vous… De ce qui fait votre vie. J’aimerais… Juste entendre cette histoire une fois »



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Elizabeth V. Brighton
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MessageSujet: Re: Erreur de l'esprit {Libre   Erreur de l'esprit {Libre EmptyVen 15 Juil - 21:57

Toute à ses pensées, Elizabeth n'avait pas même réalisé que la jeune femme s'était approchée d'elle. Il faut dire que son sens de l'orientation n'était pas des meilleurs... Remarquez qu'elle n'avait pas non plus tellement l'occasion de se promener dans les rues. Bah oui quoi. La plupart du temps, elle se prélassait sur la banquette arrière d'une mercedes avec chauffeur. Parce que les limousines, c'est pour les nouveaux riches et le luxe, le vrai luxe, c'est le luxe caché, ou tout du moins ce qui court moins les rues tel qu'une bentley, une porshe ou une mazeratti. Elizabeth, une femme de luxe ? Non, non... non, voyons. Disons qu'il lui faut un véhicule à la hauteur de... sa taille, peut-être ? Bon, ce n'est pas vraiment un très bon argument. Disons plutôt qu'elle avait toujours été habituée à ce luxe. La faute aux parents, alors. Oui, c'est ça, ce n'était nullement de sa faute. Et comme on dit, hein, on ne se refait pas et elle n'y pouvait rien si elle ne parviendrait jamais à monter dans une twingo sans ressentir d'effroyables nausées ou une soudaine crise de claustrophobie. En tout cas, le fait est que retrouver son chemin n'était pas vraiment son fort. Alors que faire ? Aurait-elle dû acheté un plan à son arrivée dans la ville ? Comment donc, mais vous n'y pensez pas, malheureuse ! Elizabeth, faire comme tout le monde ? Rien que d'imaginer que son sac à main... ah mais non elle n'en a jamais... euh... que sa veste en cuir soit bosselée par le ce bout de papier de prolétaire, autant faire boire du schwepps agrum' à la reine d'Angleterre.

Elle fut donc très étonnée de sentir de douces lèvres effleurer la peau de ses joues. Elle tourna la tête et regarda la jeune femme avec des yeux ronds. Tant de naïveté réunie en une personne. Mais ne se rendait-elle pas compte que la main qu'elle tenait n'était ni celle d'une Alice, ni celle du Lapin blanc, mais bien davantage celle d'un grand méchant loup déguisé en mère-grand. Et ce n'était pas non plus dans le terrier du Lapin blanc qu'elles se rendaient, mais peut-être plutôt dans la gueule du loup... Elle en perdait ses moyens et l'espace d'un instant, la louve prit pitié du pauvre agneau. Pauvre, pauvre agneau, toi qui finiras peut-être mangé tout cru, tu ne te rends même pas compte de ton sort et tu tends l'allumette pour allumer la gazinière. Mais bon, ce n'est pas non plus comme si j'y pouvais quelque chose ; c'est la dure loi de la chaîne alimentaire... Mais bon, je te donnerai quelques cookies avant de te dévorer. Comme ça, ta chaire sera tendre et savoureuse. Par quoi vais-je commencer ? Songea la louve en examinant sa proie du coin de l’œil.

Mmh, secrétaire. Ça la laissait rêveuse. Elle s'imaginait déjà faisant tomber des dossiers par terre, une main devant la bouche avec un air d'enfant sage. Oh, zut alors. C'est que je ne suis pas très douée, j'ai tout fait tombé par terre... Oh, mais il va falloir tout ramasser, c'est bête ça. Remarquez, Katleen n'était pas mal non plus – avec ce cat subtilement glissé –, on y voyait tout le côté sauvage de la jeune femme. Si ça se trouve, derrière ce joli minois se cachait une tigresse, sauvage et intrépide. Elizabeth ne put réprimer un gloussement. Une enfant à l'imagination dangereusement débordante, avait tranché le directeur de l'école primaire lorsque l'envie l'avait prise de jouer aux pirates sur les arbres : ses petits camarades étaient les prisonniers qu'elle faisait sauter un à un dans la mer remplie de requin, le bitume de l'école quoi...

Alors comme ça, elle était mère. Pauvre petite, songea Elizabeth. Comment as-tu pu te faire avoir par un de ces matous ? Oh bien sûr, tu n'as pas dû le faire de ton plein gré... Pauvre petite. Tu as eu du courage pour garder l'enfant après avoir subi cette infâme expérience qu'est la procréation... Oh, je ne veux même pas l'imaginer. Répugnant. Mais alors tu es une sainte ! Chaque jour qui se passe tu es contrainte par la société d'assumer ton rôle de mère en nourrissant un enfant, et ce avec le sourire, comme si tu étais heureuse, jusqu'au restant de sa majorité. Elizabeth manquait de défaillir. Quelle vie, mais quelle vie ! Je ne pourrais pas le supporter. Même pas pour tout l'or du monde. Dans ses yeux brillait un respect sans borne vis-à-vis de la Saltimbanque. Ma pauvre, tu fais partie de celles qui doivent assurer la perduration de l'espèce... Un instant, Elizabeth se vit mère. Au bout de trois secondes, elle n'y tint plus et s'efforça de penser à autre chose. Non, même in vitro ce ne serait pas possible... Elle aurait voulu l'embrasser, la prendre dans ses bras pour la rassurer. Pauvre petite... Mais le sourire de sa jeune maman la calma tout à fait. Maintenant qu'elle y pensait, elle était vraiment mignonne. Néanmoins, une question la titillait toujours : quel âge pouvait-elle bien avoir ? Car elle lui semblait jeune. Lui touchant la joue du bout des doigts pour vérifier, elle fronça les sourcils. Oui, jeune, vraiment. Elle lui aurait tout au plus donné vingt-cinq ans. Ah mais suis-je bête : il n'est pas dit que son enfant soit âgé. Peut-être n'a-t-il que trois ou quatre ans. Soulagée, elle répondit au sourire de l'autre.

« Vivait simplement ? » Probablement encore une de ces mystérieuses expressions de la jeune femme. Quelque peu fatiguée par ses talons hauts qui commençaient à la gêner à force de marcher, elle ne releva pas et continua de marcher, rêveuse. Que prévoyait-elle ? Car elle avait dit qu'elle avait une idée, mais au fond, elle avait simplement voulu rester un peu plus avec Katleen. Elle l'aimait bien, elle et son esprit atypique. Une fille à part, qui pouvait vous agacer comme vous émerveiller. Une autre gamine comme elle, quoi. C'est peut-être cela qui lui plaisait au fond. Laissant glisser son regard sur la silhouette désormais familière, elle songea soudain à Jaana. C'est vrai qu'elle lui ressemblait un peu. Elle se mordit la lèvre et regarda autre part.

« Et bien c'est Elizabeth... » Un peu prise au dépourvu, elle chercha que dire ensuite. C'est vrai quoi, ce n'est pas facile de savoir par où commencer. D'ailleurs, où étaient-elles à présent ?... Ralentissant le pas, elle porta une main à ses lèvres, perplexe. « Euh... je suis... je suis anglaise d'origine et je suis maintenant là depuis quelques mois, mais comme vous pouvez le voir, je ne me suis pas encore tout à fait familiarisée avec la ville... Ah, c'est par là. Nous ne sommes plus très loin désormais... Que disais-je ? Ah oui, vous vouliez connaître mon histoire, c'est ça ? Et bien, j'ai grandi parmi des loups. » Elle sourit. « J'étais la plus redoutable, vous savez... Si je suis ici, c'est pour rompre un mariage arrangé par mes très chers géniteurs. » Elle ricana. « Ils en ont, de l'espoir. Ça et les petits enfants... Dommage que nous n'échangions pas nos places, je suis sûre qu'ils seraient contents... » Ironisa-t-elle. Cette fois, elle ne souriait pas et ses traits se durcirent en songeant à ses parents. Des gens communs, rien de plus. Leur bêtise l'agaçait et la mettait en colère. Ils ne s'étaient jamais vraiment intéressés à elle ; elle était l'héritière. S'ils croyaient qu'ils allaient impunément lui dicter sa vie, ils se fourraient le doigt dans l’œil jusqu'au coude. Elle toisa Katleen. « Je crois que leur plus grande déception est mon aversion profonde pour la gente masculine... Mais on s'en fout d'eux, n'est-ce pas ? » Elle aussi annonçait la couleur, histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise. De toute manière, elle ne tenterait rien, mais on ne sait jamais, les gens sont parfois bien méfiants... Levant le nez, elle reconnut avec soulagement le nom de sa rue. « Mais je parle, je parle, et vous ne m'en avez pas plus dit sur votre compte. Votre fils par exemple... »

« Alors je vous préviens, il n'y a pas grand-chose, mais bon, la quantité ne fait pas la qualité, hein... », dit-elle en tournant la clef dans la serrure. Elles entrèrent alors dans une pièce dans les tons blancs cassés, quasiment vide, avec plusieurs cartons qui trônaient encore dans un coin. « Bon, comme vous voyez, je suis plutôt en retard sur mon installation. » Dit-elle en un mince sourire. Il faut dire qu'elle n'avait toujours pas trouvé de femme de ménage et soulever un carton était chose insurmontable pour une femme de sa condition. Jetant sa veste et ses talons aiguilles à côté de la porte, elle se dirigea lestement vers la cuisine. Celle-ci était de type américain et donnait directement sur l'entrée et le salon, toujours dans les tons blancs cassés, faisant ressortir les fauteuils en cuir et le lointain bazar de l'hôtesse des lieux. « Et bien faites comme chez vous alors. Euhm, que voulez-vous boire ? J'ai des tisanes, du café ou bien de l'alcool... » Lança-t-elle du fond de son placard.

Encore désolée pour le retard... En tout cas, voici enfin la réponse après pannes de courant et poisse intense x)
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