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 Shall we dance ? { Elizabeth

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Jaana Fridén
Jaana Fridén
Sleepless


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MessageSujet: Shall we dance ? { Elizabeth   Shall we dance ? { Elizabeth EmptyDim 7 Nov - 10:42



    L'éternelle odeur nauséabonde des bars -un mélange d'alcool, de fumée de cigarettes, de transpiration... Les rires sonores des gens qui peuplaient l'endroit, pour la plupart des hommes. La façon dont la brunette devait se faufiler entre eux pour aller se changer dans des toilettes lugubres, encore plus puantes que le bar en lui-même. L'envie presque irrésistible qu'elle avait de restituer son précédent repas. Jaana était, tout simplement, rebutée par ce lieu. Pourtant, elle devait y faire acte de présence au moins une fois par semaine, pour divertir la clientèle du bar, c'est ce qu'on lui disait. Sa journée ? Plutôt bateau. Aller à la fac, assister aux cours, intéressants... A leur manière. Puis, papoter un peu de choses banales avec les gens. Et voilà. Puis, soit elle allait travailler dans ce fameux bar -parce que, mine de rien, la brunette aimait être coquette, acheter quelques vêtements par ci par là, etc et, ce petit boulot le lui permettait, bien qu'il la répugnât. De toute façon, Jaana, elle ne voulait pas seulement divertir. Sa danse avait une toute autre dimension. Elle aurait voulu que ce soit sa façon de faire passer ses émotions, ses sentiments, elle aurait voulu qu'on la regarde et qu'on pense « Elle ne danse pas, elle vit ». Elle aurait voulu un tas de choses qui lui paraissaient complètement inaccessibles... Cette façon de penser pouvait paraître prétentieuse, mais de toute façon, personne ne lui posait jamais de questions à ce sujet. Jaana regrettait, et elle était persuadée qu'elle se serait sentie mieux si on lui avait posé des questions sur ce qu'elle faisait, ce qu'elle aimait, elle se serait sentie intéressante, d'une quelconque manière. Finalement, elle manquait un peu de confiance en elle, mais cela aurait été bien pire si la danse n'avait pas été présente tout au long de sa vie.

    Sa vie n'était pas triste, loin de là. Des parents plutôt aimants bien qu'un peu contraignants, une vie confortable, quelques personnes qu'elle connaissait et qu'elle aurait pu assimiler à ce qu'on appelle des « amis ». Plus ou moins. Elle n'avait pas un physique rebutant et, lorsqu'elle réussissait à cacher son surplus d'émotions, était d'assez agréable compagnie. Une vie normale, somme toute. On lui répétait souvent qu'elle avait la vie rêvée car, en plus de tous les « avantages » dont elle bénéficiait, elle n'avait pas à s'inquiéter de son ou sa Lié(e), tout simplement car elle n'en avait pas. Certains ne pouvaient s'imaginer une vie sans rencontrer la personne à qui on était destiné, et ils disaient à Jaana « Lorsque tu rencontreras cette personne, tu comprendras à quel point ta vie n'était rien jusqu'à maintenant. » D'autres, ne partageaient pas du tout ce point de vue, et ils lui disaient « Reste aussi loin de cette personne tant que tu le peux, tu t'en porteras bien mieux. » Et c'était tout. Si elle avait à choisir, la danseuse se serait plutôt positionnée dans la deuxième catégorie de personnes; ceux qui ne souhaitaient pas avoir de Lié(e).

    Enfin, de toute façon, pourquoi était-elle là, à se poser ces questions, alors qu'elle était sur le point d'entrer en « scène », ou ce qui était censé s'y apparenter ? Elle était juste là, devant ce miroir sale, cette lumière jaunâtre qui lui donnait un teint de zombie, et elle se sentait vide. Incroyablement vide. Jaana n'était pas angoissée, car elle savait que personne ne poserait les yeux sur elle pendant qu'elle danserait. Jaana n'était pas non plus heureuse, parce qu'elle aimait cette sensation de stress qui envahissait tout son corps avant de danser devant un vrai public, mais là, rien, si ce n'est du dégoût. Envers les gens présents dans ce lieu -pourtant, la brunette n'était pas du genre à dénigrer chaque personne qu'elle pouvait voir, mais elle était sans doute trop susceptible pour accepter de danser pour des gens qui la trouvaient ridicule ou qui se fichaient d'elle- mais envers elle-même également. La jeune femme s'en voulait de plusieurs choses. La première était de ne pas savoir s'imposer face à ses parents et, du coup, d'avoir à suivre des études qui ne l'intéressaient que peu et qui lui prenaient bien plus de temps que son grand plaisir, son unique plaisir, ce qui comblait sa vie : la danse. Il y avait des écoles spécialisées, évidemment, mais elles étaient coûteuses et la brunette n'avait même pas osé en dire un mot à ses parents, car elle connaissait déjà leur réponse : un refus catégorique. D'après eux, elle n'avait aucune chance de « réussir » sa vie en dansant. Seulement, le sens du mot « réussir » n'avait sans doute pas la même signification pour ses parents et pour elle. Eux, entendaient réussir dans le sens avoir un certain confort de vie, pouvoir s'offrir la dernière télé écran plasma, bref, se payer toutes sortes de biens qui, finalement, n'avaient pas grand intérêt, si ce n'est les avoir. D'après, cela conduisait au bonheur. Pour leur fille ? Danser. Évidemment, dans ce « secteur », Jaana avait peu de chances de percer, mais elle s'en fichait un peu de rester dans une petite chambre de 9m² parce qu'elle n'aurait pas assez pour se payer quelque chose de plus grand, tant qu'elle ne restait pas dans la rue. Mais la brunette pensait aux journées qu'elle pourrait vivre; danser, sans arrêt, partager cette passion avec d'autres personnes et le soir elle rentrerait, comblée, se coucherait, repenserait à sa belle journée, et s'endormirait, paisible, comme jamais. Cette situation imaginaire que Jaana s'était repassée dans la tête à peu près un million de fois, non, un milliard de fois, lui serrait le coeur et lui faisait monter les larmes aux yeux irrémédiablement.

    « Jaana, à toi ! »

    Bon, voilà. Celui qui l'avait appelée, c'était son employeur. Un homme un peu bourru mais que Jaana appréciait. Il tentait de la comprendre tant bien que mal les soirs où elle ne souhaitait pas venir travailler et il la laissait tranquille. Leur relation s'arrêtait là, et les deux s'en contentaient.
    Jaana jeta un dernier regard à son reflet dans le miroir. Alors, c'était bien elle ? Cette fille au regard taciturne et dont le rouge appliqué sur les lèvres faisait ressortir la pâleur de son visage ? -Un soupir. La danseuse se leva et se dirigea d'un pas traînant vers ce qui lui servait de scène. Elle jeta un coup d'oeil à la salle, dans laquelle chacun était occupé à boire ou à parler. Jaana déposa son sac dans un coin et alluma la chaîne Hifi – Laura's theme, Craig Armstrong. Elle se dirigea vers le centre de la salle tandis que les premières notes se faisaient entendre, et se mouva non pas comme elle avait l'habitude de le faire, mais comme elle aimait le faire. Elle ne put toutefois s'empêcher de remarquer que les paires d'yeux de la salle ne se dirigeaient pas vers elle. Alors, tant pis. Elle ne danserait que pour elle-même. Puisque, de toute façon, personne ne s'intéressait à ce qu'elle pouvait faire, pas même ses parents -ou bien ils feignaient un intérêt.

    Après quelques minutes ainsi, la musique s'arrêta, les rires et les bavardages, eux, ne s'arrêtèrent pas. Quelques personnes -polies- applaudirent légèrement et la brunette, qui sentait la sueur perler sur ses joues, alla reprendre ses affaires. Sans prendre la peine de se changer, elle se dirigea vers le bar où elle demanda un verre d'eau. Et son regard, interloqué, ne put s'empêcher de se diriger vers une jeune femme assise non loin de là. Elle était belle, oui. Ses traits étaient fins et ses lèvres délicatement dessinées, ses yeux pétillants. Elle semblait grande et fine, et Jaana se perdit dans sa contemplation. Bizarre Elle se sentait bizarre, comme étrangère à elle-même. Il y avait cette sensation dans son corps qu'elle n'aurait su décrire qui s'était installée, alors qu'elle avait posé son regard sur la jeune femme. Son estomac était comme noué, et son coeur semblait à la fois s'arrêter et à la fois battre comme il n'avait jamais battu. Jaana se pinçait les lèvres, alors qu'elle croisa le regard de ladite femme. Elle le détourna de suite et se saisit maladroitement du verre d'eau qu'on venait de lui donner, dont elle renversa la moitié tant elle tremblait.

    Elle détestait cette sensation.
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Elizabeth V. Brighton
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MessageSujet: Re: Shall we dance ? { Elizabeth   Shall we dance ? { Elizabeth EmptyLun 8 Nov - 21:16

« Asseyez-vous là… Vous prendrez bien quelque chose ? Voulez-vous que je vous apporte la carte, peut-être ? Le plat du jour est une bavette à l’échalote. C’est accompagné d’une julienne de légumes et d’une purée maison. Sinon, nous avons… » « Non, merci. Ca ira. Je prendrai juste un apéritif. Euhm… un kirsch. » « Très bien madame. Je vous apporte ça tout de suite. »

Le serveur, écrivit fébrilement sur son calepin et déposa la note sur la table, puis se dirigea vers le comptoir, le regard vide. Elizabeth songea que pour faire ce métier, il fallait être un minimum autiste sans quoi vous vous faisiez bouffer par les clients. L’homme est un loup pour l’homme, non ? Lorsqu’il remarque votre faiblesse, il s’empresse d’investir la faille…

Pourquoi était-elle là au juste ? Et bien elle attendait quelqu’un. Elles s’étaient donné rendez-vous dans ce bar miteux au fin fond d’une ruelle mal éclairée. Cette personne, son manager, voulait lui toucher deux mots sur le prochain contrat. Un gros client apparemment et c’est pourquoi elle avait voulu la voir immédiatement. Ce qui l’étonna tout de même, c’est que cette "respectable" femme d’affaire la convie dans ce lieu mal famé. Peut-être avait-elle une vie cachée ou avait-elle tout simplement succombé à son charme, elle aussi. Enfin.

Le serveur arriva, plateau en main. Elizabeth l’ignora totalement, trop habituée qu’elle était à être servie et elle examina les clients des tables voisines. Bien qu’elle fût surprise par le choix de sa supérieure, elle appréciait ce genre d’endroits. Comment l’expliquer ? C’était un peu la même atmosphère qu’elle recherchait en se promenant dans les allées de la ville ; ça grouillait de gens, mais de gens communs. Elle n’avait pas à poser en faisant des poses aguicheuses pour de quelconques pervers en manque de chaire fraîche. Elle n'avait pas non plus à faire des courbettes dans une soirée mondaine. Ici, elle n’était rien d’autre qu’une femme parmi tant d’autre et c’est aussi cela qui lui plaisait. Et puis, elle avait la sensation de vraiment vivre au milieu de tous ces gens si affairés dans leurs petites routines. Elle se plaisait à imaginer l’existence de chacun. On dit toujours que les apparences sont trompeuses… celui-là qui lit un journal, la lèvre boudeuse, pourrait avoir été un politicien raté. Celle-ci qui cause des ragots du quartier pourrait avoir trompé son mari qui l’aurait alors quittée pour une autre plus fidèle, chose qui aurait fomenté un mélange de haine, de culpabilité et d’envie qu’elle aurait traîné toute sa à l’égard des couples. Peut-être que cet homme qui astique l’alambic est un ancien alcoolique. Son regard brille, lui semble-t-il. Elle attrapa son verre et but une rasade. Du reste, pas besoin de venir avec un journal ou quoi que ce soit d’autre ; le théâtre de la vie humaine se produisait sous ses yeux. Ce n’était pas triste, pas même répugnant, mais c’était tout simplement grisant, toute cette agitation, cette chaleur des corps. La fumée des cigarettes montait en volutes jusqu’au plafond et formait une brume étrange. Une matinée d’hiver dans un vallon tandis que les températures du sol et de l’air s’y affrontent ; c’est à qui cèdera le premier.

Son manager arriva au bout de quelques minutes et elle dut malgré elle se détacher de sa contemplation. Ladite femme s’assit en trombe et tel un ouragan, le flot des paroles commença. Elizabeth esquissa un faible sourire circonstanciel, puis posa sa joue dans la paume de sa main, et reprit son doux jeu de devinettes. De temps en temps, elle hochait la tête pour faire comme si elle s’intéressait aux propos de son interlocutrice, puis retournait à son occupation principale. Le café baignait d’une incessante tourmente : ça riait, ça grondait surtout, à force que les gens surenchérissent pour se faire un tant soit peu comprendre. Amusée, elle suivait les bribes de conversation.

Elle aurait pu continuer longtemps comme ça, mais quelque chose attira tout particulièrement son attention. Dans un coin, une jeune femme. Elle aurait très bien pu ne pas la remarquer si la pâleur de son teint n’avait été rehaussée par le rouge vif de ses lèvres. De délicates et minces lèvres écarlates. Elle ne bougeait pas d’un cil, ne semblait pas voir ce qui se passait autour, et se contentait de tenir ses affaires tout contre sa poitrine. Etait-elle perdue dans cet univers ? En un sens, elle lui fit l’impression de se persuader de ne pas être là.

A première vue, elle lui sembla jolie. Elancée et frêle à la fois. Un peu comme une poupée anglaise très chère que l’on conserve dans un tiroir pour ne pas l’abîmer. Avait-elle peur de ce lieu ou était-ce tout simplement dans sa nature de se couper du monde? Une artiste sans doute… Son petit ami devrait arriver d’un instant à l’autre. Ne vois-tu pas qu’elle attend idiot ? Elle semble fragile… A moins que tu aies décidé de lui poser un lapin. Elle est invivable, c’est ça ?… Mais à quoi je pense moi ? Ca ne me concerne pas.

Enervée contre sa curiosité mal placée, elle regarda ailleurs. Seulement, ce rouge ne la quitta pas. Comme si elle avait longtemps fixé un point lumineux. Son regard parcourut la salle entière et revint progressivement se poser sur la jeune femme. Celle-ci tourna soudain la tête vers un homme. Tiens, ne serait-ce pas le patron ? Elizabeth fit la moue et détourna le regard. Ah, elle est avec lui alors. Ils les prennent si jeunes ces salauds. Elle, elle était clouée avec cette vieille pipelette qui ne semblait pas vouloir s’arrêter de si tôt. Elle héla le serveur et, de dépit, vida son deuxième verre de kirsch, puis, accoudée, elle forma des cercles du bout du doigt sur le bois patiné de la table…

Et cette femme alors? Avait-elle toujours eu cet air si triste ? Son cœur se serra dans sa poitrine. Pourquoi s’intéresser à elle ? Elle n’était qu’une fille parmi tant d’autres, elle aussi. Sa vue la troublait. Aussi, elle s’efforça d’écarter ses pensées de l’inconnue. Tiens, là, une femme est seule. Parfait. Je vais la voir… mais l’autre semble ne pas vouloir s’arrêter. Que faire ? Elizabeth avait une envie irrépressible de quitter ce lieu au plus vite ; il lui donnait des vertiges. C’est peut-être tout ce bruit… Et puis je n’ai toujours pas mangé. Oui, c’est probablement ça : je suis en hypoglycémie. Elle chercha des yeux quelque chose sur laquelle elle pourrait se cramponner, mais son regard glissait comme sur une toile cirée. Elle soupira. « Garçon ! Finalement, apportez-moi un plat du jour. » Sa compagne stoppa un court instant ses interminables palabres pour demander la même chose. « Où en étais-je ?... ah oui, il faut que nous discutions absolument de vos honoraires… » Au moins, Elizabeth songea qu’elle aurait la paix quand les plats arriveraient.

Reprenant péniblement son souffle, elle toucha à peine au repas. Elle se passa la main sur le front. Légère fièvre. Je comprends, je ne m’habille pas assez chaudement. Du coup, elle sortit une cigarette pour se détendre.

Une mélopée monta peu à peu dans les airs. Quelque peu intriguée, Elizabeth tourna la tête et là, son sang se glaça. Devant ses yeux, la jeune femme aux lèvres si rouges. Elle s’avança sur une estrade improvisée, et se mit à se mouvoir, à effectuer des cercles et de gracieux mouvements. Elizabeth retint son souffle. Elle ne pouvait détacher son regard. Elle n’était pas belle. Non. Elle était sublime, irrésistiblement sublime. Mais ce regard ! Ah ce regard… Il était si triste. Pourquoi ? Et pourquoi Elizabeth ressentait-elle cette douleur ? Personne ne lui prêtait attention. Mais regardez-là bon sang ! Voyez comme elle s’agite ! La danse prit fin. Hypnotisée, elle ne cilla pas et suivit l’inconnue du regard. Celle-ci s’enfuit presque de la scène et rejoignit le comptoir. Son cœur se serra quand la jeune femme la dévisagea et elle se mordit la lèvre, sans trop savoir pourquoi. Elle repensa à cette histoire invraisemblable… Est-ce cela être lié ? Lentement, posément, elle se releva, dédaignant les reproches de sa compagne. « On verra ça plus tard… Je vous appellerai. » Elle ne savait pas trop pourquoi, mais il lui fallait l’approcher, l’admirer, la toucher ou ne serait-ce que l’effleurer. Qu'importe si elle la repoussait du moment qu'elle lui prêta attention. Pas à pas, elle franchit les quelques mètres qui la séparaient de l'inconnue. En face d’elle, elle se sentie si bête. Et que faire maintenant ? Elle n’y avait pas songé davantage et son cœur battait fort… Depuis quand n’avait-elle pas ressentie cela ? Elle chercha. Pas que je sache… En tout cas, il la lui fallait.

« Euh… je suis désolée de vous déranger alors que vous semblez si exténuée… je vous ai regardée de loin et je voulais seulement vous dire que vous avez été superbe. Euh, vous faites ça souvent ? »


Dernière édition par Elizabeth V. Brighton le Mer 17 Nov - 17:16, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Shall we dance ? { Elizabeth   Shall we dance ? { Elizabeth EmptyDim 14 Nov - 17:46

    Jaana était comme une pauvre petite bête blessée, quand elle ne savait pas quoi faire, quand elle ne savait pas voiler ses sentiments. En cet instant, c'était exactement ça. Il y avait cette belle femme, non loin d'elle, à l'air un peu nonchalant, et Jaana sentait une multitude d'émotions se battre dans son corps et son coeur, pour savoir laquelle prônerait. STOP. Elle n'en voulait aucune, elle. Elle souhaitait juste rentrer, s'allonger sur son lit, pleurer – comme une habitude, en repensant à sa journée, à ce qu'elle aurait dû faire et ne pas faire. C'était le lot de ses soirées, la danseuse était tout simplement comme une adolescente de quatorze ans qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive et qui se pose des questions. Sauf qu'elle avait dix-neuf ans, qu'elle approchait, finalement, de l'âge adulte, et qu'elle ne savait pas se libérer de sa timidité et de son manque de confiance en elle, en les autres. En tout, en l'avenir. Car en y réfléchissant bien, elle aurait très bien pu choisir une autre voie que celle imposée par ses parents – elle était majeure et réussissait à gagner assez d'argent pour vivre avec ses petits boulots. Mais sa peur l'en empêchait, elle ne pouvait penser autre chose que « je n'y arriverai pas ». Le soutien de ses parents lui aurait sans doute redonné confiance. Puis, elle n'arrivait pas à en parler aux autres, elle se sentait toujours obligée de les écouter, non de les importuner avec ses soucis futiles que beaucoup de monde aurait échangé contre les leurs. C'est vrai, après tout : elle avait une famille, elle faisait des études, elle n'avait pas à se plaindre de son confort de vie et pouvait même s'octroyer des moments livrés à son plaisir, la danse. On lui aurait ri au nez si elle avait dit qu'elle n'était pas si heureuse que ça. De toute manière, le bonheur était pour elle une notion spéciale, à part, et elle ne pensait pas que quiconque pouvait l'atteindre réellement, à long terme. Il y avait toujours des éléments pour empêcher Untel d'être heureux. Parce que l'être humain était ainsi fait, pensait-elle: éternel insatisfait. Le désir des choses le motivait plus que la chose en elle-même et, à chaque fois qu'une chose était obtenue, l'être humain en désirait une autre. Ainsi, personne ne serait jamais heureux ? Et Jaana s'en voulait de ne savoir se satisfaire de sa vie actuelle, qui était loin d'être mauvaise, elle culpabilisait et pensait qu'elle méritait des choses bien pires que ce qu'elle vivait.

    Frappée par la voix de la jeune femme qui la ramena à la réalité, Jaana sentit le verre qu'elle tenait auparavant fermement dans sa main s'écraser au sol, dans un éclat de morceaux de verre coupants. Elle se baissa rapidement, n'osant pas croiser le regard de l'inconnue qui chamboulait sa soirée – sa vie ? - et commença à ramasser les débris. Elle sentit sa pâleur se transformer en chaleur – écarlate, elle était sans doute écarlate. Un des serveurs arriva vite et lui dit qu'il allait s'en charger. Bêtement, Jaana aurait préféré le faire elle-même. Elle n'osait pas se relever, croiser à nouveau le regard de cette femme intrigante. Que lui avait-elle dit, déjà ? Petit à petit, chaque mot revint clairement dans sa tête, elle entendait encore sa voix chantante passer par ses oreilles. « Euh… je suis désolée de vous déranger alors que vous semblez si exténuée... je vous ai regardée de loin et je voulais seulement vous dire que vous avez été superbe. Euh, vous faites ça souvent ? » Comment faisait-elle pour lui adresser si naturellement la parole, d'ailleurs ? Pourquoi ne s'était-elle pas tue, tout simplement ? Jaana aurait pu rentrer chez elle en se disant que l'inconnue n'avait pas remarqué son comportement bizarre, et elle n'y aurait plus pensé. Enfin, si... Elle y aurait probablement repensé. En se disant qu'elle était bien bête. Elle se serait remémoré la scène et, toute seule, dans sa chambre, elle aurait eu honte.

    La brune se rassit, tremblante et rougissante, et toussota. Elle ne tourna pas le regard vers la belle inconnue. Jaana se croyait dans un film, comme... Comme s'il s'agissait du coup de foudre. Elle secoua la tête, rejetant cette expression qui sonnait si mal à ses oreilles, si fausse. Une idée s'installait petit à petit dans son esprit, à laquelle elle refusait catégoriquement de croire. La... Ligature ? Dans un geste désespéré, la brune se pinça la cuisse, comme si elle allait découvrir qu'elle était dans un rêve. D'ailleurs, qu'est-ce que c'était que cette idée saugrenue, de se pincer ? Dans un rêve, il n'y aucun besoin de se pincer pour se réveiller. A partir du moment où on doute, on sait que l'on rêve, et on se réveille. Point bar. Jaana aurait aimé se réveiller et être soulagée, se dire que, non, elle n'avait pas de Liée, encore heureux. Mais là, le doute s'était installé. Elle n'avait jamais eu cette sensation bizarre à la simple vue de quelqu'un. Comme si elle n'avait plus réellement un quelconque contrôle à exercer sur son corps, qui semblait tout mou; elle n'arrivait plus à serrer son poing, son énergie semblait l'avoir quittée pour s'installer dans son coeur qui, lui, ne voulait pas se taire. Il battait à tout rompre, encore plus lorsque Jaana osait observer la jeune femme du coin de l'oeil. Plus que ça, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer la sensation que sa peau, qui semblait si douce, pourrait lui procurer si elle était contre la sienne. En y pensant, son souffle se fit plus court, et la brune s'en voulut terriblement.

    Elle ne voulait pas répondre à la question que la jeune femme lui avait posée. Elle ne voulait pas parler avec elle. Elle ne voulait pas penser à elle. Elle ne voulait pas d'elle dans sa vie. Elle souhaitait juste que sa vie suive son chemin, parfois monotone, mais appréciable malgré tout. D'après ce qu'elle avait entendu de toutes ces histoires de Liés... Ca créait du trouble plus que ça n'apportait du bonheur. Comme si Jaana n'arrivait pas à être suffisamment troublée toute seule sans qu'on vienne lui apporter, en plus, un sujet d'incertitudes. Elle n'avait décidément pas envie d'être dépendante de quelqu'un, de penser sans arrêt à cette personne, de s'oublier au profit de cette personne... D'abandonner la danse ? C'était sans doute ce qui l'effrayait le plus. Devoir abandonner sa passion pour quelqu'un. Elle voulait que la danse soit – et reste – l'élément central de sa vie. Pas un hobby, juste comme ça. Non, son oxygène, ce qui lui était indispensable. Et si quelqu'un prenait cette place ? Jaana avait déjà organisé son existence de façon à ce que la danse ait la place la plus importante dans... Tout. Son emploi du temps, ses pensées. Sa vie. Le fait qu'une unique personne puisse bouleverser tout cela – une inconnue qui plus est – la mettait mal à l'aise. Jaana y réfléchit : si l'inconnue était réellement sa Liée, comment s'en éloigner ? Comment s'en séparer ? Comment l'empêcher d'accaparer la moindre de ses pensées ? En y pensant, la danseuse se trouva cruelle. Égoïste. Mais elle ne voulait pas de ça, la ligature, dans sa vie. Définitivement pas. D'un autre côté... Sa beauté était frappante. Son charisme, sa stature, faisaient d'elle une femme à part. Les autres gens qui grouillaient dans ce bar avait disparu et, à partir du moment où Jaana posa son regard sur elle, elle ne put plus s'en détacher. Il se faisait doux et, sans qu'elle le veuille, il la dégustait. Ses formes, fines mais présentes, étaient harmonieuses. Ses longs cils rehaussaient son regard – Jaana pensa qu'elle devait travailler dans la mode, ou quelque chose du genre. D'ailleurs que faisait-elle ici ? Elle semblait si raffinée que le contraste était énorme entre elle et le lieu.

    Sans réellement réfléchir à ses actes, la brune rassembla ses affaires – son cellulaire, qui traînait sur le comptoir, ses clefs qui l'accompagnaient, et son gilet sur lequel elle était assise – puis s'apprêta à se diriger vers la sortie. L'inconnue était à deux pas et, en passant, Jaana la frôla. Son sang se glaça et son coeur s'enfuit vers elle sans hésitation, aucune.


Dernière édition par Jaana Fridén le Lun 6 Déc - 16:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Shall we dance ? { Elizabeth   Shall we dance ? { Elizabeth EmptyMer 17 Nov - 12:25

Eric Satie. Trois gymnopédies

Pourquoi avait-elle tremblé au point de faire tomber son verre par terre ? Elizabeth en était-elle la cause ? L’avait-elle effrayée ou tout simplement surprise ? Elle suivit des yeux la jeune femme se précipiter vers les débris dudit verre, qui avait éclaté en un fracas sonore.

Etonnant. Elle était si frêle, semblable à une hirondelle, mais lorsqu’elle dansait, elle dégageait tant de forces. Un magnifique héron au plumage cendré. Elizabeth demeura de marbre tandis que le serveur portait secours à l’infortunée. Elle craignait que cet oiseau rare ne s’envole au moindre faux pas. Du coup, elle restait là, en silence, à l’observer du coin de l’œil. En se baissant, la chevelure de sa belle inconnue avait glissé sur son côté droit, ce qui laissait entrevoir sa délicate nuque. Comme la jeune femme lui tournait le dos, elle ne pouvait continuer plus avant son investigation, mais dévorait des yeux les formes onduleuses entraperçues dans les replis du vêtement. A cet instant précis, elle aurait donné tout l’or du monde pour voir ce doux visage que lui refusait la danseuse. Mais que t’ai-je fait ? Regarde-moi. Je veux juste t’admirer. Où est le mal ? Je ne te demande pas de m’aimer, ça viendra, mais ne te dérobe simplement pas à ma vue. Je ne sais pourquoi, mais cela fait à peine dix minutes et tu représentes déjà tout pour moi ; tout ce qui se passe dans ce café, en dehors de nous deux, n’existe plus. Nous sommes les seules survivantes d’un gigantesque incendie. Toute cette clameur n’est alors plus à mes sens que le crépitement des feux alentours. La suie recouvre nos visages embués par les larmes car ce sont tous nos proches que nous avons perdus. Oh, bien entendu, je ne parle pas de ma famille ; je ne les ai jamais aimés. Des pantins sans consistance… non, ce qui me chagrine davantage, ce sont tous ces hommes et toutes ces femmes qui nous ont quittées. Nous sommes seules, à jamais seules et nous nous retrouvons tiraillées entre le bonheur d’être au moins deux et le désespoir d’être les seules pleureuses de tous ces morts. Nous les envions un peu bien sûr puisqu’ils nous laissent derrière eux ; nous sommes comme livrées à nous-mêmes, dans la tourmente. Tes parents n’ont pas été assez forts pour te prendre à leurs côtés. Allez, j’espère que vous trouverez le repos. Je me chargerai sans peine de cette enfant.

Lentement, Elizabeth tendit une main vers l’épaule de l’inconnue qui s’affairait toujours, puis sursauta légèrement lorsque cette dernière se releva et se rassit sur son siège. Pour rattraper son geste, elle se passa la main sur le bras, comme s’il la démangeait. Ce n’était qu’un rêve. Elles n’étaient pas seules, pas le moins du monde. Cette inconnue n’avait pas besoin d’elle et son existence était aussi insignifiante que celle d’une fourmi à ses yeux. Quelqu’un la bouscula. Elle ne réagit même pas. La danseuse était assise, là, en face d’elle, comme si elle ne l’’avait pas remarquée. Elle chercha quelque chose à dire qui pourrait atténuer ce malaise. Si j’affiche un air détaché et rieur, la conversation pourrait peut-être démarrer et elle tombera alors sous le charme… Elle se fit plus sociable.

« C’est un beau cellulaire que vous avez là. Seriez-vous photographe par hasard ? Figurez-vous que je connais bien le milieu… »

Autant parler à un mur. Elizabeth se mordit la lèvre. Regarde-moi, s’il te plaît. Hais-moi, frappe-moi, mais regarde-moi, bon sang. Pourquoi ne réponds-tu pas ? Je ne te veux aucun mal. C'est moi qui suis l'offensée, c'est moi qui devrait pleurer. Peux-tu m’expliquer ce qui m’arrive ? Je ne le sais pas, je ne le comprends pas. J’ai soudain honte, terriblement honte de m’être ainsi plantée devant toi. Et pourquoi ? Tu n’es qu’une simple girouette dans un bar miteux. En temps normal, ce serait tout bonnement impossible que tu puisses cotoyer une personne de ma condition. J'ai daigné poser mon regard sur toi, sois-en reconnaissante... Mais qu'est-ce que je raconte, enfin? Là n'est pas la question... S'il te plaît, un mot, ne serait-ce qu’un mot de ta part et je m’en irai, tranquille.

Pas de réaction. C’est étrange cette sensation. Tu es si proche, et pourtant je n’ai jamais été aussi loin de quelqu’un. Un fossé nous sépare toutes deux. Mais dans quelle aventure me suis-je engouffrée ? Ca m’apprendra à être téméraire. Tiens, je m’écœure à avoir des vues sur une fille telle que toi. Je ne sais vraiment pas ce qui m’a prise. D’habitude, j’ai tout de même plus de goût dans le choix de mes proies. D’un ton cassant, elle trancha le silence qui pesait entre elles deux.

« Je vous prie de m’excuser. Je croyais que vous étiez celle qui venait de danser magnifiquement devant tous ces rustauds. Sincèrement désolée. »

Pas de réaction. Elizabeth songea à se retirer sans mot dire, mais l’inconnue releva soudain complètement la tête vers elle. Le regard de la jeune femme glissa sur elle tout doucement et Elizabeth retint son souffle. Son cœur battait fort dans sa poitrine, mais elle tenta d’afficher un air indifférent. Que se passait-il soudain pour que le ciel orageux laisse place à ce splendide arc-en-ciel? Le regard scrutateur, elle fixait la jeune femme tandis que cette dernière s’adonnait à son curieux examen. Elle n’était sans doute pas si extraordinaire que cela, mais la voir lui arrachait malgré elle des soupirs. Que pensait-elle en cet instant ? Pourquoi lui avait-elle subitement accordée son attention? Etait-ce ses paroles qui lui avaient montrée à quel point son attitude était injuste ? Elizabeth n’était pas heureuse ; elle était comme aspirée.

Ces lèvres d’un rouge ardent étaient un terrible supplice ; elle aurait voulu les toucher du bout du doigt, puis les effleurer de ses lèvres. Elle s’imaginait déjà cette tendre joue dans le creux de sa main. Cette main qui aurait caressé ce visage tant désiré, puis aurait glissé dans ses cheveux. Elle les aurait serrés et, tout en s’approchant, les aurait humés à pleins poumons. Une entêtante odeur de parfum ou bien la fraîcheur de sa peau… Les gens les auraient alors observées du coin de l’œil, en pinçant les lèvres d’un air réprobateur, sans pour autant se manifester. Allez voir ailleurs si vous n’êtes pas contents. En réaction, elle se serait alors rapprochée de la belle et l’aurait enserrée à la taille. Elle se serait ensuite penchée, les yeux fermés, sur son cou, et y aurait appliqué un baiser… Elle frémit à cette seule évocation. Que vas-tu t’imaginer ma fille ? Tu vas trop loin. Tu es malade pour fantasmer ainsi sur des inconnues. Ses pensées revinrent à la réalité et ce n’est pas sans un certain désarroi que leurs regards se croisèrent. Elle ne pouvait le détacher et apparemment, l’inconnue non plus, à voir avec quelle insistance elle plongeait son regard dans le sien. Une irrésistible sensation de plénitude l’envahit. Cette fois, ce n’était plus un fantasme ; le monde s’était arrêté de tourner. Elles auraient pu être n’importe où, dans une soirée mondaine ou dans une voie de garage ; désormais, plus rien n’avait d’importance. Du reste, Elizabeth avait l’absurde sensation de l’avoir connue depuis toujours, comme si cette femme lui était destinée depuis sa naissance. Tu n’appartiens à personne d’autre, tu es à moi. Oui, tu es ma liée, je l’ai décrété, j’en suis sûre maintenant. Tellement impérieuse dans ses propos. Elle était décidément toujours aussi capricieuse. Elle voulait savoir, tout savoir sur ce qui pouvait animer sa liée. Ses lèvres remuèrent imperceptiblement.

« Comment vous appelez-vous ? »

Le charme se défit et le café reprit son cours. La jeune femme ne répondit pas. Au bout de quelques instants, elle rompit le contact visuel, rassembla ses affaires et s’apprêta à partir. Elizabeth la dévisagea. Aucune émotion ne transparaissait sur son visage fatigué par la vie. Bien des pleurs ont dû meurtrir ce charmant ovale, pensa Elizabeth avec tristesse. Que faire ? Que lui dire ? Que j’aimerais rester auprès d’elle ? Elle me prendrait à coup sûr pour une folle ou une nymphomane éhontée… elle n’aurait peut-être pas tort du reste. Cependant, je ne veux pas qu’elle pense cela de moi… que dire alors ? J’abandonnerai tous les rouges-gorges de cette Terre pour que tu daignes poser ton regard sur moi…

En passant près d’Elizabeth, elle la frôla. De nouveau, leurs regards se croisèrent. Etrangement, il lui sembla que la danseuse lui tendait ses lèvres et elles étaient si proches qu’elle sentait presque son souffle contre sa peau. Rien n’aurait été plus facile que de prétexter un vertige et de tomber dans ses bras, mais elle ne fit rien. Idiote. Elle la regarda s’éloigner de quelques pas, puis, sans réfléchir davantage, elle s’élança et attrapa la main de la jeune femme.

« Attendez, ne vous en allez pas… s’il vous plaît… restez encore un peu. J’aimerais vraiment faire votre connaissance. A moins que vous ne soyez pressée… préféreriez-vous que l’on fasse un bout de chemin ensemble ? Je n’ai rien de prévu pour cet après-midi.»
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MessageSujet: Re: Shall we dance ? { Elizabeth   Shall we dance ? { Elizabeth EmptyDim 12 Déc - 9:22

Toi. Tes lèvres, tes yeux, ton nez, tes joues, tes oreilles. Tes si jolies oreilles, telles un labyrinthe. Ton visage, fin, ton menton. Ton corps, tes courbes, ta féminité, ton odeur, ta voix. Ta peau. Elle doit être douce, ta peau. Dis, tu me laisserais me glisser doucement dans tes bras ? Je pourrais m'y sentir comme dans un cocon, comme dans un autre monde. Il n'y aura plus personne pour me dire que faire, mais toi, oui toi, tu seras là. Je me demande pourquoi c'est toi. Ma Liée. Je me demande pourquoi je t'ai rencontrée – dans un tel endroit, en plus. Je me demande pourquoi est-ce que tu t'entêtes à me parler. Pourquoi est-ce que je ne réponds pas, d'ailleurs ? Pourquoi tout est si contradictoire, dans ma tête, dans mon coeur, dans mon corps ? Je crois que c'est le lot de tout être humain, être contradictoire. Il passe à peu près toute sa vie à réfréner ses envies, et quand il ne le fait pas, il regrette. J'en suis l'exemple parfait, j'ai peur, toujours – j'ai peur. Je suis effrayée qu'en m'attachant à toi, tu m'abandonnes.

Pourquoi est-ce que je ne veux que toi ? Glisser mes lèvres dans ton cou, passer mes mains sur tes hanches, puis poser mes lèvres sur les tiennes. Tu me laisseras faire, dis ?

    Était-ce elle ? S'était-elle saisie de la main de la danseuse, sans crier gare ? Et c'était bien elle, qui lui parlait, à l'instant ? La brune n'arrivait simplement pas à se concentrer sur ses mots. Ils s'entrechoquaient, s'emmêlaient, se mélangeaient. Jaana n'arrivait pas à reconstituer une phrase digne de ce nom, qui aurait du sens – un sujet un verbe, voire un complément. Pourtant, ils étaient bien distincts du brouhaha qui régnait dans le bar, des conversations de chaque personne assise à une table ou au comptoir. Ils résonnaient dans sa tête, et elle ne pouvait s'empêcher de penser que sa voix était si jolie, si douce, si agréable. Mais, à vrai dire, Jaana n'avait même pas envie de donner un sens à tout ça. Parce qu'elle savait pertinemment – sans l'accepter néanmoins - que cette fille était sa Liée – frissons. Ce flot de sentiments, de contradictions, était tout sauf rationnel. Inexplicable – sans doute inévitable.

    La sensation de la douce peau de sa main faisait frissonner Jaana – sa tête détestait ça, son coeur en raffolait, son corps en demandait plus. Elle avait toujours été faible et le peu de volonté dont elle disposait était souvent effacé par ses émotions qui prônaient, qui la contrôlaient, qui l'empêchaient de passer au stade adulte. D'ailleurs, cette situation la confortait. Se cacher derrière les autres, ne pas assumer ses erreurs, ne pas s'assumer – ni s'accepter. Parfois, se complaire dans sa tristesse. Attendre des autres qu'ils comprennent tout seuls ce qui se passe. Peut-être Jaana avait-elle un certain problème de communication.

    La crainte que la jeune femme ne remarque l'attirance que Jaana avait pour elle la pétrifia un instant. Elle sentait bien son corps bouillir, et elle se faisait violence pour ne pas arracher un à un ses vêtements. A la place, dans un mouvement brusque, elle retira sa main. La chaleur qu'elle avait sentie quelques secondes et qui avait envahi son corps, du bout de ses pieds au bout de chacun de ses cheveux, s'évanouit. Son coeur se déchira au même moment – comme si elle sentait qu'elle ne réussirait jamais... Quoi, déjà ? A la quitter, ou à rester à ses côtés ? Cette même contradiction commençait déjà à la ronger de l'intérieur. La brunette observa ses chaussures, n'osant pas lever le visage et faire face à l'expression de la jeune femme, qui lui donnerait sûrement envie de la dévorer. Comme une enfant grondée qui songeait au mal qu'elle avait fait, Jaana resta plantée à côté de cette fille, cette... Liée. Une partie d'elle-même se sentait coupable qu'elle se comporte ainsi – c'était cette même partie qui savait, qui voulait. Qui savait que cette femme était sa Liée, et qui la voulait, qui l'acceptait, qui était prête à passer sa vie à ses côtés, définitivement. Mais voilà, il y avait cette autre partie, égoïste, un peu perdue, c'était sa raison. Sa raison, mais pas totalement. Parce que si la brune jugeait qu'il était stupide de se rapprocher de cette fille, c'est parce qu'elle avait peur. Elle était effrayée d'être laissée sur le bas côté, alors qu'elle se serait accrochée au wagon, de toutes ses forces et de tout son coeur. Elle ne voulait pas connaître ce sentiment d'abandon qui vous ronge, vous détruit, vous pousse encore un peu plus à n'avoir confiance en personne et à vous renfermer. Oui, Jaana n'était qu'une gamine effrayée de tout – l'attirance, la confiance, l'attachement. La vie. Alors, si ce genre de sentiments, incompréhensibles, qui faisaient déjà peur à la plupart des gens apparaissaient, comment elle, éternelle trouillarde, était censée réagir ?

    « Ma connaissance, vous avez dit ? Je ne crois pas qu'il y ait grand chose à connaître de moi. »

    Elle avait relevé son visage et jeté un rapide coup d'oeil à la jeune femme, en détournant vite le regard ceci dit, ne souhaitant pas se perdre dans une contemplation trop insistante. La danseuse espérait intimement que la jeune femme insisterait pour « faire sa connaissance ». Sa réaction était tordue, pourquoi ne pas dire oui, si elle en avait envie ? Elle était comme ça, elle avait besoin qu'on lui prouve qu'on voulait vraiment d'elle, elle voulait se sentir aimée, voulue. Mais de la part de cette femme ? Cela lui paraissait risqué, Jaana avait l'impression d'être celle qui la voulait, et non l'inverse. Elle n'avait aucune envie de lui prouver combien elle l'attirait, bien au contraire. Elle se mordit la lèvre avant de lancer, avec l'air le plus détaché possible :

    « Enfin, pourquoi pas, après tout. C'est vous qui perdrez votre temps, pas moi, je n'ai guère d'autres choses à faire. »

    Les deux jeunes femmes se dirigèrent vers la sortie du bar. Leurs corps se frôlèrent, tandis qu'elles approchaient de la porte qui menait à la libération – plus d'odeur nauséabonde causée par la cigarette mélangée au relent de transpiration dû à un surplus de gens dans une même salle. Jaana frissonna derechef mais mima un air indifférent, se doutant que la jeune femme n'avait même pas senti que leurs corps s'étaient à peine touchés. Face à ce petit bar se trouvaient tout un tas de magasins, que ce soit de textiles, des bijouteries, des magasins électroménagers, ou encore des restaurants. La brunette fit semblant de les observer, n'osant pas adresser la parole à la jeune femme. Elle sentait son coeur battre à tout rompre, et tentait tant bien que mal de résister à cette envie de dévorer la blonde.
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Elizabeth V. Brighton
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MessageSujet: Re: Shall we dance ? { Elizabeth   Shall we dance ? { Elizabeth EmptyJeu 16 Déc - 15:58

La jolie danseuse se figea, comme arrêtée dans son élan. Elle se retourna lentement, et son regard alla de la main qui l’importunait dans sa fuite -car que faisait-elle sinon fuir une fâcheuse inconnue- à la personne qui osait s’interposer entre elle et la porte. Son regard était si intense, comme un appel au secours, lui sembla-t-il. Etrangement, elle crut aussi y lire comme de la peur. Elle n’avait pourtant rien fait qui puisse provoquer une telle réaction. Un frisson parcourut son corps tout entier. L’avait-elle blessée ? Effrayée ? Oh, elle aurait dû se retenir ; son tempérament passionné pouvait vraiment être un fardeau parfois…

Non, ce n’était pas lié à son caractère, pas non plus à ce qu’elle avait pu devenir, elle le savait, c’était tout autre chose, quelque chose dont elle se moquait encore la veille, quelque chose qui l’amusait et la dérangeait tout à la fois. Les liés… Est-il possible de se donner ainsi à quelqu’un ? Que ce soit l’amour ou la haine, l’indifférence n’étant qu’un simulacre, les sentiments restent toujours aussi puissants vis-à-vis de son ou sa lié. En l’occurrence, sa liée. Elle comprit alors réellement le sens de ce terme: quoi que cette personne fasse, elle ne pourrait détourner son regard, et quand bien même elle ferait semblant de ne pas la voir, la danseuse triompherait sur elle, occupant encore et toujours ses pensées. Etre lié, c’était en fait ni plus ni moins comme se faire tatouer, sauf que le lien ne s’éclaircissait pas avec le temps. Mais quelle forme son tatouage pouvait-il bien avoir ? Etait-il grand ? Etait-il petit ?

La jeune femme parut se perdre dans la contemplation de ses yeux et il sembla à Elizabeth qu’elle voulut lui dire quelque chose. Elle bougeait les lèvres fébrilement et son teint devint peu à peu plus livide encore, relevant encore davantage la force de son sourire. Enfin de ses lèvres plutôt car Elizabeth n’avait à aucun moment entraperçu ne serait-ce que l’ombre d’un sourire. Elle sembla défaillir. Elizabeth, inquiète, voulut la retenir.

« Vous n’avez pas l’air très bien ? Voulez-vous vous asseoir un peu ? Je vais demander un verre d’eau… »

L’inconnue retira vivement sa main et détourna le regard. Son cœur se déchira lorsqu’elle crut y discerner du dégoût et elle resta un instant la main suspendue dans le vide, comme si elle réagissait avec un temps de décalage. Cette chaleur qu’elle avait ressentie à l’instant s’était aussi évanouie en un instant. Un si bref instant. Comme un doux rêve, fugace répit dans la tourmente. Ne restait plus que le froid lancinant qui s’infiltrait à travers les jointures de la porte. Elle releva la tête, cherchant à capter le regard de sa Liée, mais celle-ci évitait soigneusement de croiser le sien. Quoi, qu’y a-t-il ? Es-tu en colère ? Tu n’aimes pas que l’on te touche… A moins que tu n’éprouves réellement la même chose que moi. Est-ce cela ? Tu me désires, mais tu as honte de cette inclinaison. Tu me détestes de m’aimer, n’est-ce pas ? C’est pour cela que tu m’as repoussée, c’est pour cela que tu m’ignores. Elizabeth se sentit soudain si pleine de vie. Elle exultait. Je te sens gênée. Regarde-moi, voyons. N’aie pas peur. Ah, je comprends, c’est parce que nous sommes deux femmes. Devrais-je comprendre que c’est ta première fois… Je te ferai découvrir bien des choses, crois-moi. Et même que tu y prendras goût… Elle rit intérieurement. Les « pucelles » en la matière étaient ses préférées. C’était si distrayant de voir les divers degrés de la gêne colorer leurs tendres joues. Elles en sortaient véritablement changées… Désormais totalement rassérénée, Elizabeth suivait, amusée, les émotions qui défilaient sur le visage de sa liée.

« Ma connaissance, vous avez dit ? Je ne crois pas qu'il y ait grand chose à connaître de moi. »

Ne fais pas l’innocente, je sens bien que tu te fais violence pour ne pas me sauter dessus, mais tu n’auras rien pour le moment car plus l’attente est grande et plus le plaisir est grand. C’est si facile de lire en toi. Un peu comme si je te connaissais depuis toujours. Ne l’oublie pas, tu m’appartiens déjà toute. Du reste, je ne te laisserai à nulle autre. A nulle autre, tu m’entends ? Tu m’es à jamais destinée, comme un esclave se doit de servir son maître. Que trouveras-tu encore pour cacher ta peine ? Tu me veux, voyons, c’est flagrant sinon pourquoi me fuirais-tu à ce point ? Tu soupires et t’agites en tout sens, luttant contre ton propre désir, mais il est trop tard : tu n’es qu’un pion, tout au plus un insecte pris dans la toile. Tu ne peux plus rien changer, mais tu tentes de te convaincre que la bataille n’est pas terminée. Il faut dire que tu n’as plus rien à perdre. Amusant… Jusqu’à quand tiendras-tu ?

« Enfin, pourquoi pas, après tout. C'est vous qui perdrez votre temps, pas moi, je n'ai guère d'autres choses à faire. »

Elizabeth sourit tout à fait. Tu joue l’indifférente, mais tu n’en penses pas moins.

« Un instant je vous prie. Je crois que j’ai oublié mes gants à ma table… »

Elle se retourna et, cachant son visage, elle afficha un air diabolique. Se passant une main dans les cheveux, elle avança triomphalement jusqu’à sa table. Quant à son manager, elle était depuis longtemps partie. Elle se pencha et fit semblant de ramasser quelque chose sur la banquette. Bah oui, ses gants étaient depuis le début dans sa poche de blouson, mais elle voulait jouir un peu plus de l’émoi qu'elle faisait naître chez sa liée. Ca fait mal, n’est-ce pas ? Tu ne peux t’empêcher de soupirer à ma vue, te sentant brusquement comme étrangère à ton corps. C’est une émotion que tu n’as pas souvent connu. Peut-être jamais même. C’est encore mieux. Bientôt, tu ne pourras plus te passer de me voir. Elle ricana, mais une ombre vint inopinément voiler son plaisir. Un frisson la parcourut. Et si elle se faisait des idées en fin de compte. Et si cette femme n’était pas du tout attirée par elle. Et si tout cela n’était qu’un rêve. Elle se souvint avoir but un peu trop tout à l’heure. Peut-être que les effluves de l’alcool avaient amplifiés ses fantasmes. Quoi ? Elle aussi désirait secrètement une liée ? Comme les autres ? Non, ce n’est pas possible. Elizabeth n’est comme personne ; Elizabeth n’espère rien qui puisse dépendre de la volonté des autres ; ce sont les autres qui la désirent et espèrent entrer dans ses faveurs. Elle, elle ne s’abaisserait jamais à « aimer » quelqu’un. C’est pour les pouilleux ça. Je ne m’encombre pas d’une telle chose, moi ; je n’ai besoin de personne, moi. Ce n’est pas de ma faute si je suis irrésistible…

Elle revit ce rouge et son assurance fondit comme la neige au soleil. Et si elle ne m’aimait pas. Et si elle n’était plus là, lassée de ce petit manège. Elle se retourna vivement et interrogea la foule du regard. Elle pâlit. Des gens, oui, mais pas sa danseuse. Mais où est-elle ? Elle demeura interdite, le souffle court. Elle m’a laissée en plan… Le groupe sortit enfin et elle aperçut sa silhouette. Elle restait comme un lapin apeuré, adossée au comptoir. Sa gorge se desserra ; elle l’attendait. Elle était là, à cet endroit précis, dans le tumulte et la souillure, et cela pour elle et elle seule. Elle mit ses gants et s’élança. La rejoignant bien vite, elle l’invita à quitter ce lieu.

En passant la porte, un homme posa sa main sur l’épaule d’Elizabeth, la prenant pour quelqu’un d’autre. Horrifiée, elle recula et frôla à son tour la jeune femme. Elle eut un haut-le-cœur. Etait-ce dû à son aversion pour les hommes ou bien à cause des contacts répétés avec sa liée ? Dans les deux cas, elle ne maîtrisait pas la situation et c’est sans doute cela qui lui donnait la nausée. Au final, elle n’était encore qu’une enfant fragile se refusant à accepter l’inconstance de son monde. Elle le surinvestissait, s’érigeant du même coup en idole et en maîtresse, cherchant à fasciner et à maîtriser les autres.

L’air de la rue lui fit le plus grand bien ; elle se sentait comme revivre. Bon, et maintenant, que faire ? Elle avait atteint son but, captant l’attention de la jeune danseuse, et il lui fallait trouver quoi faire pour exister pleinement à ses yeux. En somme, lui plaire car elle n’était plus si sûre de ce en quoi elle croyait plus tôt. Et puis, elle voulait simplement passer encore un peu plus de temps à ses côtés. Où pourraient-elles être assez tranquilles pour « faire plus ample connaissance » ?

Elle toisa la danseuse du coin de l’œil. Celle-ci semblait totalement absorbée par les devantures des magasins. Elle était si jolie, cette frêle colombe. Elle voulut déposer un baiser dans son cou, par habitude, mais se retint à temps. A la place, elle essaya d’arborer un air enjoué.

« Suivez-moi, je connais un endroit charmant. Il n’est pas très loin… Vous m’avez bien dit que n’aviez rien d’autre à faire, n’est-ce pas ? Ca ne sera pas long. »

Bien entendu, c’était du bluff ; elle ne savait pas du tout où aller. Elle improviserait, voilà tout. Elles partirent donc toutes deux et Elizabeth songea qu’il ne faisait pas si froid finalement.
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