Il n'y avait rien de naturel dans ce que l'on éprouvait.
 
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 Bela Lugosi's Dead

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AuteurMessage
Lou S. Steinlen
Lou S. Steinlen
Sleepless


▪ depuis quand ? : 24/08/2010
▪ conneries : 71
Masculin
▪ venue au monde : 22/11/1988
▪ et l'âge ? : 35

Bela Lugosi's Dead Empty
MessageSujet: Bela Lugosi's Dead   Bela Lugosi's Dead EmptyMar 24 Aoû - 13:18


© Pocky'Mosh
nom du personnage ; Steinlen
prénom(s) du personnage ; Lou Siegfried
âge du personnage ; 19 ans
date de naissance ; 11 Février 1991
groupe ; Sleepless
lié(e) ; /
son origine ; sa nationalité ; D'origine allemande. Nationalité suédoise.
son occupation ; Petits boulots en semaine (serveur dans un bar, et autres), étudiant fantôme, et musicien amateur en week-end.

Histoire
Bela Lugosi's Dead - Undead Undead Undead



Les belles histoires, ça prend de la place. Faut l’espace pour y dérouler tout l’attirail du mélo de base, avec les larmes et les soupirs, les retrouvailles attendues et les bons sentiments. Ca s’résume bien, aussi : quelques phrases qui traînent leurs guirlandes de symboles – comme des casseroles à la queue d’un chien. Ca fait plein de bruit quand ça passe dans ta rue, après – les belles histoires, ça … Tu vois l’idée. C’est souvent triste, parce que ça fait vendre – un peu d’sentimentalisme en bouteille – et parce que c’est exportable : on t’connaît pas et tu sers, sur un plateau, ta petite vie bien rangée, avec des vieux désordres bien tristes, des drames pas ordinaires et puis … des conneries comme ça. C’est jamais vulgaire, c’est jamais douteux – et si besoin on parle tout bas aux passages stratégiques … Ca fait plus vrai, et l’autre, là, qui t’écoute, il s’sent complice. Tu lui offres comme ça ton p’tit cadeau de mensonge, avec des rubans de vrai, et des flous calculés. C’est toi et c’est pas toi – et il l’emmène, heureux et fier, parce que c’est tout d’même pratique, les trucs à emporter.

Ma vie à moi, c’pas une belle histoire. Pas de conte moderne à piailler aux gosses qui hurlent plus fort qu’leurs parents, pas de tragique fait-divers pour les bas d’page des gazettes, pas même d’anecdote marrante pour fanfaronner devant les copains. Ma vie … C’est celle de tout le monde, c’est pas grand-chose. J’ai pas l’droit d’en être fier, j’peux juste vous sortir les petites banalités qui font un peu honte, mais vous donnent l’air sympa. Parce que les gens, ils aiment bien ceux qui sont rien du tout – ça les valorise. Tu remplis le rôle du familier, qu’est là, qui sert à rien, et qui sourit quand on dit son nom, en hochant un peu la tête. Le genre de gens … On parle d’eux à la troisième personne, et on les entend jamais – ça dépasse pas, pas d’un cheveu, du ptit rôle du n’importe qui du coin. Et si j’l’avais suivi, ma p’tite histoire, bah … J’en serai là aussi, sans doute …

Ma p’tite histoire, ma mythologie à moi, c’est c’que j’suis maintenant. Lou Steinlen, ça reste un étudiant comme les autres – ceux qui étudient pas. Il prend à cœur son rôle de fantôme, et passe son temps dans des cafés-concerts, à jouer, à servir – pour rien, ou pas grand-chose. Ce qui compte, pour Lou, c’est la musique, rien qu’la musique – celle qui vous rend dingue quand vous en écoutez trop d’un coup. C’est les copains, ceux qui traînent, enveloppés de vieux draps, avec quatre chiens, ceux qui ont encore plus rien à f*** que lui – et qui d’viennent par là les modèles à suivre. Ce qui compte, enfin et surtout, c’est sa belle philosophie qui lui donne le monde à couper en quatre … Parce que la vie, c’est plus facile quand on a des choses à détester. Alors … Il s’marre, Lou. Il s’marre, parce qu’il a trouvé qu’ça. De tout, d’absolument tout – et de lui-même bien sûr, mais ça, ça fait plus mal … Il a ses petites phrases, qui font bien rire quand on commence à boire, et qui donnent envie d’crier quand on a trop bu. Il a ses petites désillusions, qu’il a sagement érigées en système – on accepte mieux les vilaines choses, quand y’a des « parce que ».

Et puis … Voilà, c’est bien simple, et ça s’résume pas joliment, d’un haussement d’épaules. Ca donne des vagues idées – assez pour des mauvais jugements, et puis … Rien d’autre ! C’est un mec, normal, Lou. Tellement normal qu’il lui en faut, des efforts, pour avoir l’air louche. Grand et maigre, l’œil clair, il a pas tout à fait tué en lui l’gamin qui voulait voler l’soleil … Il a la dégaine d’un Pierrot malade, avec ses jeans troués, ses T-shirt trop larges, et ses yeux délavés – une chauve-souris en vacances. Il plait assez aux filles, Lou, quand il veut – il a l’œil qui brille un peu sous l’alcool, il a la musique, la posture et tout l’reste. Mais il s’désintéresse vite, aussi, parce que les filles – les gens, les copains – c’est toujours l’même : faut s’tenir à distance. Il pourrait l’dire, clope au bec, avec son air de gamin rapiécé : dans la vie, faut pas s’faire avoir, faut pas donner prise … Et la ligature, alors ! …
Il a dix-neuf ans, Lou, et il a pas peur des bonnes choses …

Ca tient pas grand place, dans votre beau diaporama, plein d’visages en sourires, plein d’histoires en larmes, hein ? Et puis t’faudrait une histoire, pour compléter l’tableau – comme ça, t’expliqueras, l’air faussement modeste, le pourquoi du comment, la relation au père, la scolarité bâclée, la … J’ai jamais bougé. J’suis né ici, en Suède, on m’y a planté là comme un beau légume – arroser tous les jours, secouer avant utilisation ! Et j’ai poussé, parce que j’avais qu’ça à faire. J’ai fait de l’ombre au légume voisin – Julia, p’tite blonde, 17 ans. Collante. Alors un soir j’suis parti. Seule condition ! On m’payait des études. Que j’m’applique à foirer. J’vis par moi-même, maintenant, avec des mauvaises responsabilités et trop de factures – ou pas assez, ça dépend d’quel point de vue on s’pose. J’ramène une fille de temps en temps dans l’pauvre studio pas rangé, où y’a des fils qui traînent partout et un vieux CD qu’j’ai oublié d’arrêter en partant … J’joue d’la basse à des heures autorisées, mais c’t’encore trop fort pour les voisins. Et j’réponds pas aux mails de Julia, parce qu’elle pose de vraies questions. Chaque été, j’pars avec les moyens du bord, et j’retourne en Allemagne pour me rouler dans la boue des festivals. Ouais, j’retourne. J’y suis jamais allé, mais j’y r’tourne, parce que ça fait bien dans leur beau rêve déçu de déracinés. Mes parents disent plus rien – quand on joue trop fort, ça gueule un bon coup, mais à l’épuisement, on l’obtient, son silence … Ils regardent juste vers leur pays perdu, où leur fils idéal ferait des études et deviendrait c’qu’on a prévu pour lui. Lui au moins … J’vais pas vous faire un dessin.

Voyez, c’pas une belle histoire. Sans émotion, sans mélodrame … Sans vérité aussi. J’ai tout donné tel quel et puis en fait … C’est faux quand même. Ou ça le sera. Parce que ça va trop vite, et que d’une bière à l’autre, d’une clope à l’autre, d’un accord à l’autre … Y’a déjà chez nous quelque chose de changé. Alors ça sert à rien, au fond, d’chercher à bien comprendre – au mieux, c’est d’l’archéologie de sentiments et rien d’autre ! … T’vois, les belles histoires, ça prend de la place. Faut l’espace pour y dérouler tout l’attirail du mélo de base, avec les larmes et les soupirs, les retrouvailles attendues et les bons sentiments. Moi j’ai rangé ça dans dix mètre carrés, fermé la porte, tourné la clef et … Ca a pas protesté, ça s’est tassé un peu entre les murs, et c’est plus vraiment important, maintenant. Lou, celui dont on parle à la troisième personne, il est là, devant eux, tous les soirs. Il fanfaronne, il gueule en rythme et il joue même pas trop mal de la basse … Il a appris à s’faire voir, quitte à n’montrer qu’son ombre, bien lisse, de p’tit goth en révolte. Et j’t’offre comme ça ton p’tit cadeau de mensonge, avec des rubans de vrai, et des flous calculés. C’est moi et c’est pas moi – et tu vas quand même l’emmener, heureux et fier …

Parce que c’est tout d’même pratique, les trucs à emporter.


Spoiler:
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http://freneuse.blogspot.com
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Invité



Bela Lugosi's Dead Empty
MessageSujet: Re: Bela Lugosi's Dead   Bela Lugosi's Dead EmptyMar 24 Aoû - 13:43

Même loin de Fake Pearl, on retrouve un peu de la vilenie de Lou. Il est charmant malgré tout, malgré lui, aussi, peut-être. Et puis ce style, ces mots, cette application et cette éloquence brillant
En espérant que tu te plaises dans nos froides contrées, je te souhaite la bienvenue ! (et te fais un gros baiser)
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